Imaginez-vous enterré vivant, seul dans une boite sous terre. C’est l’étouffante experience claustrophobe que vous propose Buried.
Ryan Reynolds se réveille dans une boite, sous terre, en Irak avec pour seul objets un briquet et un téléphone portable à moitié chargé. Voilà tout le concept de Buried. Concept ultra casse-gueule mais qui a justement assez de gueule et d’audace pour maintenir le spectateur accroché à son siège en attendant la sortie.
Après un générique très hitchcockien, le film commence avec une minute de noir complet. Nous sommes déjà dans la boite. Pas d’introduction pour nous présenter le contexte ou le personnage, on est plongé directement avec le héros dans cet espace on ne peut plus exigu et nous y seront jusqu’à la fin du film. Non, nous ne suivrons pas d’autres personnes à l’exterieur pour avoir un autre point de vue, pas plus que nous n’aurons de flash-back pour en savoir plus ou meubler le film. Et pourtant Rodrigo Cortés réussi son pari, nous tenir en haleine pendant 1h30 avec un seul protagoniste, un lieu unique et quasiment en temps réèl.
Pour arriver à ce résultat, il trouve tous les ressorts dans le scénario pour maintenir la pression. En cela, l’idée du téléphone portable est excellente puisqu’elle permet au héros de s’exprimer mais aussi et surtout de faire avancer l’histoire. Selon les protagonistes appelés, Paul va se sentir menacé (par les terroristes), ou en colère (contre son administration incapable). Le doute s’installe à chaque fois qu’une personne décrochera. Dit-elle la vérité ou ne cherche-t-elle qu’à rassurer le héros qui est de toute façon condamné puisqu’introuvable ? Autant de questions sans vraiment de réponse auxquelles doit faire face Paul en interprétant les phrases et le ton des interlocuteurs pour entrevoir son destin.
A côté de ce scénario parfois un brin tiré par les cheveux (légèrement incohérent par moments, le seul essoufflement étant l’apparition d’une petite compagnie dans la boite), il y a la mise en scène au cordeau de Rodrigo Cortés. Le jeune réalisateur espagnol montre ici tout son talent en gardant un rythme soutenu et surtout en proposant une manière inspirée et inventive de filmer, où tous les angles et mouvements de caméra possibles dans cet espace confiné sont utilisé. Du coup, il n’y a presque pas de redite sur les plans utilisé et la tension ne fait que monter jusqu’à un final à couper le souffle.
D’un autre côté, on aurait pu craindre que le fade Ryan Reynolds ne nous ennuie pendant 1h30 mais c’est le contraire qui se produit. L’acteur se montre simple mais surtout, il campe un monsieur tout le monde dont la situation lui échappe. Du coup, l’identification au spectateur est immédiate et on ne peut qu’accompagner le héros dans ces démarches. Lorsque l’on découvre l’histoire de Paul au travers de ses coups de fils plus personnels, l» empathie fonctionne à plein régime. L’acteur prouve donc ici qu’il n’est pas que le mari de Scarlett Johansson et Deadpool muet et qu’il peut se risquer dans des projets audacieux en apportant un vrai atout d’interprétation (de bonne augure pour Green Lantern).
Finalement, Rodrigo Cortés nous propose avec Buried le huis-clos ultime, suffoquant à souhait. A la fin du film, une seule envie pour les plus claustrophobes, en sortir. Aurez-vous le courage de tenter l’expérience ?
Au passage, merci à Allociné pour cette avant-première dans le cadre du Club300.