C’était assurément l’une des séries les plus attendues de la rentrée. L’association d’HBO, du scénariste Terrence Winter et Martin Scorsese pour une série sur Atlantic City à l’époque de la prohibition. On peut dire que l’addition de tous ces talents paie puisque ce Boardwalk Empire est amené à devenir une grande série.
A l’origine du projet, il y a le livre Boardwalk Empire: The Birth, High Times and the Corruption of Alantic City de Nelson Johnson. La matière y est tellement dense et intéressante qu’il était impossible pour Terrence Winter, scénariste multi-primé des Sopranos, de passer à côté pour l’adapter à la télévision. A partir de là, tout s’enchaîne. HBO s’empare du projet et Mark Wahlberg (producteur d’Entourage pour la chaîne) produit. Mais ce qui va affoler les foules, c’est que Martin Scorsese est également producteur exécutif du show et va même jusqu’à réaliser l’épisode pilote.
Autant le dire tout de suite, le résultat à l’écran est époustouflant. L’Atlantic City des années vingt prend vie sous nos yeux. La reconstitution (aidée par les fonds verts pour les extérieurs) est impeccable et la réalisation, sobre, permet d’installer le récit. On savait que HBO produisait des shows d’une grande qualité, mais face à la concurrence d’AMC (et sa série phare Mad Men), la chaîne se devait de réagir et propose ici une fresque qui s’annonce passionnante à suivre.
Dans les années 20, alors que la loi sur la prohibition vient d’être votée et appliquée, l’alcool circule sous le manteau et les gangsters commencent à émerger. Ainsi, « Nucky» Thompson, qui dirige la ville, mène son plan à exécution, entre manipulations, corruption, argent sale pour régner sur la pègre de la ville. Il devra jongler entre la fougue de son jeune protégé, l’attention qu’il commencé à porter à une jeune veuve et le FBI qui enquête dans le coin.
Mais Boardwalk Empire va bien plus loin. Terrence Winter a réussi à capter tout l’univers des années vingt. Il s’agit alors plus d’une fresque historique où les petites histoires se mêlent et fondent ce que l’on nous raconte dans les livres (l’apparition d’Al Capone en est un bon exemple et devrait prendre de l’ampleur). Ici, il est question de bien plus que de mafia, on parle aussi des droits des femmes (leur droit de vote arrive), de racisme (apparition du Ku Klux Klan), d’immigration, de retour de guerre, … Tout le contexte historique est abordé et nous permet alors de mieux comprendre l’esprit et les fondements des Etats-Unis.
Bien sûr, la présence de Scorsese au générique est un gage de qualité et a permis de faire venir des comédiens issus du cinéma dans ce grand film fait pour la télévision. Ainsi Steve Buscemi tient le rôle principal et est impressionnant de prestance. Mais il y a aussi Michael Pitt qui voit son personnage de jeune protégé se complexifier et la présence magnétique de Michael Shannon en agent incorruptible du FBI. Des talents bruts exploités à merveille.
Boardwalk Empire tient donc toutes ses promesses tant au niveau de l’intérêt de l’histoire, de la qualité d’écriture, de la réalisation et de l’interprétation. Une série que l’on aimerai même plutôt découvrir au cinéma qu’à la télévision. Chose faite grâce à Orange Cinemax qui présentait cette semaine le pilote de la série sur grand écran pour son lancement sur la chaîne le 19 décembre. Et on peut dire que la série y prend de l’ampleur. A coup sûr, la meilleure série de la rentrée.