A l’occasion de la rétrospective qui commence mercredi à la Filmothèque du quartier latin, revenons sur l’un des films les plus personnels de David Lynch, le cauchemar caché de Blue Velvet .
Un scénario controversé oui, car Lynch y pose tout son univers sensuel, sensoriel et violent que certains qualifieront de quasi-pornographique. Mais le réalisateur ne cède jamais à la facilité ou au choc facile, au contraire. Ici, dans une banlieue américaine, le jeune Jeffrey Beaumont trouve une oreille humaine dans un champs. Menant l’enquête pour trouver à qui elle appartient, il va rencontrer une mystérieuse chanteuse de cabaret alors qu’il commence tout juste à sortir avec la fille de l’inspecteur.
On sait que les comédiens de Lynch lui sont fidèles, Blue Velvet en est la preuve. Après Dune et avant Twin Peaks, Kyle MacLachlan incarne le rôle principal de ce jeune qui découvre la sexualité et la perversion et atterri malgré lui dans un enfer auprès d’une Isabella Rossellini suave, perdue, désespérée (elle deviendra d’ailleurs pour un temps la compagne de Lynch)et dominée par un Dennis Hopper plus barjot que jamais en amant violent, drogué, sadique et porté sur des pratiques sexuelles assez douteuses. Face à ce monde, la muse du réalisateur (qu’il fera tourner ensuite dans Sailor et Lula et plus récemment dans Inland Empire), Laura Dern, incarne, en totale opposition avec Isabella Rossellini et l’univers sombre du film,
Évidemment, il n’est pas facile pour le grand public de s’immiscer dans cet univers mais les fans du réalisateurs retrouvent là toutes les bases qu’il développera et perfectionnera ensuite dans Lost Highway ou Mulholland Drive. Artiste multi-disciplinaire à l’univers sombre et dérangé, il pose ici réellement son œuvre dans ce film qu’il a revendiqué alors comme le plus personnel.