Encore une fois, parmi la pléthore de films qui débarque directement en dvd, on peut trouver quelques petits bijoux. Pontypool est de ceux-là, une bonne petite surprise d’horreur indé audacieuse et relevant bien l’un des problèmes de notre société.
Quelle horreur pour Grant Mazzy. Après avoir avoir été star de la radio nationale, le voilà en pré-retraite dans la petite station locale de Pontypool. Mais ce matin rien ne va se passer comme prévu. Au fur et à mesure des témoignages extérieurs, il s’aperçoit que la population locale a été infectée par un étrange virus. Enfermé dans le studio avec ses deux collègues, il va raconter ce qu’il se passe et comprendre d’où vient vraiment le mal.
Vous l’aurez compris, il s’agit là d’un huis clos horrifique original et plutôt bien mené où l’économie de moyens n’entraine pas l’économie de créativité, loin de là. Ainsi on ne sortira pas de cette station de radio canadienne et nous n’aurons un aperçu de ce qu’il se passe à l’extérieur qu’à travers les témoignages des correspondants. Si on se pose évidemment la question d’une blague potache au départ, le sujet devient très vite sérieux et la tension monte dans la station, seul repère contre le mal qui frappe les habitants de Pontypool. Entre panique, survie et envie de comprendre ce qu’il se passe, notre curiosité est frappée de plein fouet. Au fur et à mesure nous apprendrons un peu plus sur les causes de l’infection et le décor du film n’y est alors pas anodin. Alors que l’on penserai qu’il s’agit d’un nouveau film de zombies, le réalisateur Bruce McDonald (avec à l’appui du roman de Tony Gurgess et à la maitrise du récit impeccable) détourne allègrement le genre et ses code pour faire passer un message tout autre.
Parce que si il est question d’infectés dans le film, on n’en voit quasiment pas (ce qui laisse leur apparition choc et inattendue) et même sans gore, la menace est toujours pesante. L’intérêt du film se situe bien ailleurs et les protagonistes le comprennent bien à mesure que l’histoire avance. Ici on parle bien de communication et d’information. Comment l’information est déformée par les médias et du coup la véritable signification des mots. Ce dont nous parlons a-t-il vraiment un sens ? Et du coup, notre monde tourne-t-il rond ? A l’ère de twitter et de la rapidité d’information, on ne prend même plus le temps de regarder nos sources et la rumeur enfle maintenant plus vite que jamais, incontrôlable, sans intérêt, sans signification, comme un virus. Voilà au fond de quoi parle le film et prendre alors un vieux briscard comme Grant Mazzy (excellent Stephen McHattie à la voix qui traverse les entrailles !) comme résistant à cette infection représente bien un système dans la dernière phase de mutation.
Indépendant, intelligent, aux allures zombiesque, pas étonnant que ce Pontyool ai été apprécié dans un paquet de festivals. Depuis, sa réputation n’a cessé d’enfler, un 2e volet est prévu et sa sortie en dvd en France lui donne enfin une chance de se faire connaitre. C’est bien ce qu’on appelle une découverte, à vous d’en parler en trouvant les bons mots.