A Bout Portant, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Depuis un moment on se dit que l’action-thriller français est mort ou entre les mains de producteurs peu scrupuleux. Mais Fred Cavayé ne l’entend pas de cette oreille et nous prouve le contraire avec brio dans ce A Bout Portant mené tambour battant.

Comme le dit si bien Fred Cavayé, les films français qui se déroulent dans une cuisine, ça suffit ! Il était temps en effet qu’un réalisateur mette un coup de pied dans ce cinéma français trop engourdi dans ses drames psychologiques. Avec A bout Portant, il prouve qu’on peut enfin (re)faire du cinéma d’action et thriller aussi rythmé qu’un épisode de 24 et plus intelligent qu’un énième transporteur ou yamakasi. Ce n’est pourtant pas une surprise. Déjà, avec Pour Elle, le réalisateur se montrait doué pour la caractérisation de ses personnages et l’installation d’une tension qui grimpait petit à petit pour un final bien ficelé. Cette fois, il embarque le spectateur dans une course de moins de 90 minutes au rythme effréné dont on ressort à bout de souffle.

On pouvait pourtant penser au début, avec le pitch et premières images, que le réalisateur allait nous servir la même recette, mais cette promo était là pour mieux nous tromper. Car si la petite histoire de l’homme qui fera tout pour retrouver sa femme est encore explorée, elle est abordée sous un angle totalement différent. Ici, l’action commence tout de suite et, après une brève introduction des personnages tous caractérisés en quelques phrases et regards, on est complètement dans le bain. Fred Cavayé se montre ici vraiment doué pour maintenir le rythme sans tomber dans les travers du genre. Pas (ou très peu) de shaky-cam, toute l’action est lisible avec un montage pourtant serré, à l’image de cette course poursuite infernale dans le métro (dont les purs-parisiens relèveront les incohérences … mais ce n’est pas si grave). L’intrigue, elle,  ne s’embarrasse pas dans d’intrigues secondaires qui n’auraient de toute façon pas eu leur place et n’auraient fait que diminuer le rythme du film mais cela ne veut pas dire que cette heure 24 est creuse. Au contraire, puisque tout est resseré sur une courte durée, l’attention du spectateur est maintenue à chaque instant.

Alors oui, certains relèveront certainement des incohérences, d’autres bouderont les quelques clichés sur la police ou la prévisibilité de la fin. Mais il faut bien reconnaitre que, pris dans le feu de l’action, on n’y fait pas vraiment attention et le charisme de Roschdy Zem et Gérard Lanvin suffisent à nous faire taire. A côté, Gilles Lellouche se démène pour retrouver sa femme et gagne à la vitesse de ses pieds un statut d’acteur français de premier plan sur lequel on peut compter pour tout type de rôle.

Avec A Bout Portant, Fred Cavayé se fait donc l’ambassadeur d’un cinéma d’action français vitaminé. Influencé par les meilleurs polars US et séries d’action, il redonne ses lettres de noblesses à un genre que l’on croyait perdu dans les mains d’un Luc Besson producteur. Bref, ça fait vraiment du bien de voir que l’on peut encore faire exploser la cuisine dans laquelle les films dramatiques sont restés coincés.