Le CSA livre ses recommandations pour « relancer la fiction française »

Le CSA livre ses recommandations pour « relancer la fiction française »

Le CSA livre ses recommandations pour « relancer la fiction française »

Le CSA, Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, a publié le mois dernier une étude réalisée par la Société d’Études Stratégiques pour le Cinéma et l’Audiovisuel. Cinquante huit pages qui analysent la crise que traverse l’audiovisuel français avant de livrer douze propositions pour redresser la barre.

Je vous propose d’y jeter un œil…

Rassurez-vous chers lecteurs, je ne vais pas vous débriefer dans le détail ce rapport qui a une forte tendance à enfoncer des portes ouvertes et qui est plus pertinent sur le terrain de l’économie pure que de la création. Je vous invite toutefois à le lire dans son intégralité car il a le mérite de brosser un tableau relativement fidèle du désastre. Je me contenterai pour ma part de souligner quelques chiffres qui font mal: quand la France produit péniblement 553 heures de fiction télévisée, l’Italie en produit 627, l’Espagne 1463, le Royaume-Uni 1463 et l’Allemagne 1800 (des chiffres qui datent de plusieurs années mais un prorata qui n’a guère évolué depuis) !

Voici donc les douze  mesures proposées par le CSA dans ce rapport pour endiguer la crise de notre audiovisuel:

  1. Aligner la rémunération des auteurs de 52′ et 26′ sur celle des auteurs de 90′ et développer le rôle de showrunner, véritable manager créatif d’une série.
  2. Augmenter la rémunération des auteurs de toutes les fictions (y compris les 90′) dans les premières étapes de l’écriture d’un scénario, en tout cas dès le premier accord de développement entre le producteur et la chaîne.
  3. Subordonner le paiement des auteurs à la livraison du texte, pas à son acceptation. Minimiser les intermédiaires et les versions contractuellement: toute réunion devra être préparée, les versions ne seront modifiées qu’avec les notes fusionnées de la chaîne et de la production, de façon à éviter la déperdition d’énergie et de versions inutiles.
  4. Établir dès le premier accord avec la chaîne des délais précis de remise des textes et de leur acceptation ainsi que de la période de diffusion. Le process entier de diffusion et de responsabilisation des conseillers de programmes doit être revu: notes détaillées et signées (aucune modification sans compte-rendu écrit).
  5. Réserver 25% du compte de soutien automatique au paiement des auteurs. Ces sommes ne peuvent être utilisées qu’à condition de respecter les règles fixées ci-dessus.
  6. Instaurer le système de tax shelter au profit des fictions de rendez-vous avec une commande ferme d’un minimum d’épisodes annuel: pour les 52′ et les 26′ hebdomadaires, douze épisodes la première année, seize la seconde, vingt la troisième. Pour les 26′ quotidiens, cent-vingt épisodes.
  7. Assouplir le crédit d’impôt en instaurant une certaine proportionnalité entre son montant et les dépenses réalisées en France. Cette mesure aurait pour but de permettre de développer les coproductions internationales.
  8. Supprimer la taxe de compensation d’arrêt de la publicité de France Télévisions sur les grandes chaînes historiques.
  9. Inciter les grandes régions à créer un budget de soutien précis aux décors récurrents des fictions de flux.
  10. Développer la formation initiale en écriture de fiction, notamment en faisant appel à de véritables expertises étrangères pour les fictions de rendez-vous. Cette formation doit être financée par les producteurs, les chaînes et les auteurs. Dégager les crédits à cet effet au Ministère de la Culture pour la formation initiale. Idéalement, une « Grande Université de la Télévision » regroupant tous les acteurs du secteur (techniciens, auteurs, réalisateurs, producteurs, diffuseurs/programmateurs/chargés de programmes) serait souhaitable afin que tous ces futurs professionnels se connaissent et parlent le même langage.
  11. Mettre en place un régime de financement de la formation permanente des auteurs.
  12. Créer des aides régionales aux fictions de rendez-vous dans les budgets régionaux inscrites dans les dépenses économiques et  non dans les dépenses culturelles.

Force est de constater que 1. ces propositions vont dans le bon sens, 2. les syndicats d’auteurs réclament peu ou prou la même chose depuis des années et 3. ce rapport  risque fort de rester lettre morte, à l’instar du fameux rapport Gassot, publié en 2000 par le CNC pour relancer le cinéma hexagonal. CQFD.

Copyright©Nathalie Lenoir 2010

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