On commence l’année avec un premier film, mais pas n’importe lequel puisque c’est celui du créateur de Star Wars, une œuvre majeure la science-fiction des années 70, THX 1138.
Pendant ses études à l’USC, George Lucas présente son film de fin d’études, THX 1138 4EB. Court-métrage qui fut remarqué par les pontes de l’université mais aussi par la Warner qui lui propose alors un stage pendant lequel il rencontrera un futur monstre, Francis Ford Coppola. Les deux hommes se lient d’amitié et finissent par fonder le rêve de tous les jeunes cinéastes de l’époque, leur propre société de production indépendante ! Peu avaient osé défier les grands studios mais, remplis d’ambitions et d’une farouche volonté de faire les choses eux-même, ils créent donc American Zoetrope. C’est dans ce cadre tout neuf et rempli d’espoir que Lucas va alors, sous l’impulsion de Coppola, réaliser une version longue de THX 1138. Après quelques déboires de scénario (aidé par Walter Murch) et de recherches de fonds le film verra le jour.
A la vision du film, la Warner ne comprend rien. Histoire difficile d’accès, peu de dialogues, un monde étrange, peu d’émotions et un montage sonore original font du film un ovni difficile à distribuer pour le grand studio. Il faut dire que pour l’époque, THX 1138 est effectivement assez expérimental mais George Lucas fait preuve d’une grande maitrise de son montage (images et son) et met en place une intrigue très noire, voir désespérée. Car THX 1138 raconte l’histoire d’une société futuriste aseptisée où les émotions (et le sexe surtout) sont réprimées et les hommes réduits à l’état de pur consommateur inutile. Au milieu de tout ça, THX commence à éprouver certains désirs qui l’amèneront à fuir cette société, quitte à voir ce que cache cet enfermement.
THX 1138 est donc une vision très pessimiste du futur mais aussi du contexte politique et social de l’époque où, rappelons-le, les jeunes américains vivaient la guerre du Viet-Nam avec contestation et commençaient à voir les dérives du consumérisme et d’un État qui commence à chercher le contrôle. Comme toute grande œuvre de science fiction, le film ne montre un futur que pour mieux parler du présent et l’on ressent alors tout de désespoir d’un George Lucas désabusé. On peut voir également dans ce premier long les grandes influences de George Lucas comme l’immanquable 1984 de George Orwell, l’univers de Philip K. Dick ou le 2001 de Kubrick, posant ainsi les bases d’une science-fiction sérieuse dont il se démarquera plus tard tout en en gardant certains termes.
Mais si THX 1138 est aujourd’hui culte, c’est parce qu’en plus d’être une œuvre de science-fiction particulièrement aboutie, George Lucas est aujourd’hui devenue une personnalité immanquable du divertissement avec une « petite saga» du nom de Star Wars. Retomber sur sa première œuvre qui était un échec commercial pour Warner et a entrainé une démoralisation d’American Zoetrope est évidemment assez étonnant et permet de mieux comprendre l’état d’esprit d’un cinéaste partagé entre son envie d’indépendance (c’est bien pour cela qu’il a plus tard créé LucasFilm) et les contraintes du succès commercial (qu’il connaitra avec American Graffiti puis la saga sur Dark Vador). Comme un éternel insatisfait cherchant toujours à améliorer son travail (et pas toujours pour de bonnes raisons), Lucas a plus tard repris en 2007 son film pour y ajouter quelques éléments ajoutant un peu de profondeur à son film, améliorant ainsi la fluidité et l’esthétique du film sans le dénaturer. Ainsi, il remit THX 1138 sur le devant de la scène, nous rappelant pourquoi ce premier flm est culte mais surtout en quoi George Lucas est un visionnaire. On se prend alors à espérer qu’il quittera un peu sa galaxie lointaine, très lointaine pour des films plus confidentiel de cet acabit !