A l’occasion de la sortie cette semaine d’Arietty, revenons sur l’un des films les plus attachants du créateur des studios Ghibli. Entre merveilleux et discours profondément adulte, Le Château Ambulant fait toujours rêver.
Après le succès critique et public international du Voyage de Chihiro, Hayao Miyazaki s’est tout de suite plongé dans l’un des projets qui lui tenait à cœur depuis de nombreuses années, lorsqu’il avait découvert Château de Hurle écrit par Diana Wynne Jones. Nous voici donc embarqués dans une histoire tellement typique du créateur japonais, mêlant habilement réflexion, magie et humanité.
Le Château Ambulant, c’est donc l’histoire de Sophie, victime d’un sortilège ayant fait d’elle une vieille femme, qui trouve refuge dans la maison d’un magicien. Dans cette aventure, elle va se créer une nouvelle famille et voir des choses aussi extraordinaires qu’effrayantes. Bien avant que Pixar ne le fasse avec Là-Haut, Miyazaki fait (de manière détournée) d’une personne âgée son personnage principal. Une manière de montrer la découverte de la vie et de rassembler un public large, de 7 à 77 ans.
A première vue, avec les thèmes abordés, le look des monstres, … Le Château Ambulant pourrait ressembler à un best-of de Miyazaki. Mais le réalisateur va tout de même plus loin en poussant beaucoup plus certaines thématique. Ici, peu de discours écologique. Par contre la guerre prend peu à peu une place centrale dans le récit et le jeu des apparences est bien plus poussé que dans ses autres films. Ici chacun change de forme et de nom à plusieurs reprises pour faire avancer le récit. Que ce soit Sophie qui se voit vieillie mais rajeunie selon son état d’esprit, le sorcier Hauru ou même la Sorcière des Landes, chacun change. De multiples personnalités qui donnent du coup naissance à des personnages plus complexes qu’on ne pourrait le croire au premier abord, dont les sentiments évoluent autant que le château change lui aussi de forme. Miyazaki joue avec cette donnée et apporte par là une densité et une originalité très forte à son récit qui reste cependant d’une simplicité confusante tout en emmenant le spectateur dans des contrées dont il ignorait l’existence.
C’est là l’une des réussites du film. Sous couvert d’une histoire apparemment simple, le grand créateur japonais n’oublie pas que son film est destiné à tous. Si les second rôles comme Calcifer ou Marco vont sûrement marquer les plus jeunes, les adultes seront quand à eux plus intéressés par la découverte de la vie par Sophie ou le parcours chaotique d’Hauru qui mettra du temps à trouver sa voie au milieu d’une guerre qui détruit les hommes sans raison (thème cher à Miyazaki qui a grandi sous les bombes).
Comme à son habitude, Hayao Miyazaki créé autour de ses personnages magiques un univers merveilleux naviguant à loisir entre steampunk et pure magie avec des figures fantastiques (les sorciers et démons) prenant toute leur place dans un monde plus réaliste et en proie à la guerre. Débordant d’imagination et d’idées géniales, le réalisateur nous plonge deux heures durant dans un univers de toute beauté, où la qualité de l’animation traditionnelle (avec la musique de Joe Hisaishi) fait tout simplement rêver.
Aussi drôle que son discours peut être grave, aussi accessible qu’il est pourtant complexe, le Château Ambulant de Myazaki a prouvé, s’il en était encore besoin pour les studos Ghibli, que l’animation traditionnelle n’est pas dépassée et surtout qu’elle recèle une part de merveille unique, donnant au film l’aspect d’un conte fantastique intemporel dont le succès, certes moindre que Chihiro qui avait bénéficié d’une communication sans précédent pour le genre, n’est pas à démentir et qui rend tout film de Miyazaki simplement culte.