Sorti le 1er septembre 2010, Be Bad raconte les aventures sentimentales périlleuses de Nick Twisp, timide adolescent intello. Depuis le 4 janvier, il est disponible en DVD chez Bac Films.
Au commencement, vit Nick Twisp joué par Michael Cera, ado über nerd, trop intelligent pour son monde et incapable de parvenir à entrer en contact avec le « beau sexe », ses congénères n’étant que de stupides lycéens acculturés aux préoccupations bien trop futiles. Son cercle familial n’est pas plus stimulant : vivant avec une mère entiché d’un routier pas commode, croisant de temps à autre un père trop occupé avec sa belle jeune femme de 25 ans, et avec pour seul ami un obsédé à la limite de la névrose, Nick ne risque pas de se retirer ses fantasmes sexuelles de la tête. Mais plus que cela, c’est d’une vraie compagne qu’il rêve au-delà du simple déflorement. Ses histoires mettront sur sa route Sheeni Saunders, une belle inconnue pas insensible au charme du garçon. Et Nick de se mettre en tête que seule l’aide d’un rustre double imaginaire lui permettra de gagner le cœur de la belle et perdre ainsi sa virginité trop longtemps conservé.
A la lecture de ce résumé, le spectateur est en droit de s’attendre à une nouvelle histoire d’adolescent contrarié, solitaire et tentant à tout prix de « se taper sa première gonzesse » tout en gardant à l’esprit des idéaux de rencontre de « la fille » pure, intelligente, belle et forcément pas superficielle du tout (il faudra bien qu’elle accepte le jeune comme il est). Lancé comme une histoire d’ado ultra coincé qui va devoir se surpasser pour en mettre plein la vue à sa promise, avec le conseil et le concours d’un Mister Hyde virulent, BE BAD lorgne plus du côté du message positiviste du « you can do it » que le superficiel « sois une bête, crois en toi et tout le monde sera à tes pieds ».
Dès le départ, toute ressemblance avec un AMERICAN PIE est écartée et cette ribambelle de personnages pas VIP (pas tellement attirants physiquement et plutôt quelconques) tente de s’affranchir d’une vie compliquée car on n’obtient pas toujours ce que l’on veut. On évitera donc soigneusement une trop lourde morale instituant que seuls les gens beaux peuvent faire ce qu’ils veulent de leur vie. Sur le plan spirituel, sans trop verser dans la masturbation et l’excitation quasi-permanente de l’ardeur du jeune, BE BAD préférera se concentrer sur l’univers personnel de son héros, entre culture et nigauderie. Le centre de l’histoire étant en effet les pérégrinations rocambolesques de Nick Twisp, le développement des savoureux personnages secondaires en pâtira beaucoup.
Déboussolé et délaissé par ses pairs (mais n’est-on pas toujours incompris de ses proches et perdu dans son univers personnel ?), Nick Twisp va se sentir obligé de se créer un double vulgaire et violent pour se donner du courage. C’est le ressort scénaristique nourrit au spectateur sensé lui donner envie de consommer cette histoire. Mais à part porter des espadrilles blanches, fumer des cigarettes (oulala quel rebelle !!) et ponctuer ses fins de phrase par des grossièretés, ce François Dillinger n’apportera rien à l’histoire, mais puisque c’est l’idée du film que de nous signifier que chacun peut y arriver par soi-même…
BE BAD est adapté du roman populaire américain de C.D. Payne nommé YOUTH IN REVOLT, sa lecture peut éventuellement permettre d’apprécier le film.
On peut se lasser de voir le canadien de 22 ans Michael Cera dans la peau d’un anti-héro un peu geek, toujours perturbé, souvent puceau et qui a de fait presque tout le temps du mal à connecter avec le genre féminin, dans une énième bluette. Vu dans JUNO, SUPERGRAVE ou SCOTT PILGRIM VS THE WORLD, c’est grâce à la série ARRESTED DEVELOPMENT qu’il se fait tout d’abord remarquer. Force est de constater qu’il assume très bien ses traits atypiques lui donnant la primeur de jouer un adolescent troublé, benêt, passionné, à la recherche d’un déclencheur d’émotion qu’il le propulsera dans la vie d’adulte. Ici, la quête du sens sera encore semée d’embûches et en commettant des méfaits sensés exciter sa demoiselle en détresse, son personnage se déridera un peu pour comprendre que certaines choses valent la peine d’être vécues, d’autres non. Malheureusement, les Steve Buscemi, Justin Long, Ray Liotta, Jean Smart, Zach Galifianakis et Fred Willard seront sous-utilisés dans cette lente comédie sentimentalo-casse-cou qui aurait pu se révéler un très bon film choral s’il avait osé être un peu fou et canaille, tout en embrassant un rythme plus soutenu. Comme quoi « [to] BE BAD» n’est pas donné à tout le monde.
Merci à Cinétrafic pour le DVD, vous pouvez d’ailleurs retrouver d’autres comédies de séduction sur leur site.