Il fêtait ses 35 l’année dernière et pourtant le Phantom of the Paradise de Brian de Palma est toujours aussi d’actualité qu’il est psychédélique. Retour sur un monument des « midnight movies» devenu tout simplement culte avec le temps.
Avant d’être révélé au grand public par sa vision de Carrie et d’être connu pour ses thrillers brillants parfois mâtinés de mafia (Pulsions, Scarface, l’Impasse, …), Brian de Palma a versé dans le psychédélisme total. Avec Phantom of the Paradise, à une époque où les moeurs changent, le réalisateur spécialiste de la manipulation et héritier d’Alfred Hitchock nous offrait une relecture du Fantôme de l’Opéra version pop délurée qui garde aujourd’hui tout son statut culte.
Il faut dire que le thème abordé dans le film est plus que jamais d’actualité. Pour rappel, le film raconte comment un compositeur qui a tout perdu va revenir hanter le Paradise, théatre où le producteur Swan adapte l’opéra dont il a volé la partition. Impossible alors de ne pas y déceler une critique du système des majors volant les compositions des artistes pour les remettre à leur sauce au nom de l’argent. Mais aussi une critique des artistes qui, grisés par le succès peuvent en demander toujours plus et aller jusqu’à vendre leur âme au diable pour se faire. Tout ses thèmes sur les dangers du show business (qui valent aussi évidemment pour le milieu hollywoodien) son abordés à travers une relecture complètement barrée de grands classiques. Le Fantôme de l’Opéra et le mythe de Faust sont les 2 grandes influences du film ici traitées de manière complètement pop dans une comédie musicale déjantée et évidemment tragique.
Dans ce film qui ne ressemble à aucun autre, De Palma expérimente et trouve de géniales idées de mise en scènes au service de l’histoire (vue subjective, split-screen, …), tout en rendant hommage à ses influences (le giallo mais aussi Hitchcock avec une excellente parodie de la scène de la douche de Psychose se terminant de manière inattendue). Menant son récit au rythme des riches compositions de Paul Williams il offre au spectateur un spectacle assez jouissif avec des personnages hauts en couleurs. Ainsi, William Finley campe un compositeur fantôme tragique tandis que Jessica Harper, toute en émotion (en interprétant un Old Souls à pleurer) interprète la belle. Mais c’est Paul Williams qui attire toute l’attention du spectateur dans la peau du diabolique producteur Swan, sorte de parodie du déjanté Phil Spector.
Sorti à peu prêt en même temps que l’autre cultissime et psychédélique Rocky Horror Picture Show, Phantom of the Paradise aura donc lui aussi bénéficié de cette vague pop délurée des Midnight Movies pour se créer petit à petit un statut culte so 70’s délicieusement kitch et les français ne s’y sont pas trompé puisqu’il a eu droit au Grand Prix d’Avoriaz en 1975. Depuis on peut noter une certaine influence du film dans la culture pop (le boitier vocal de Dark Vador ? les maquillages de Kiss ?) mais c’est surtout un groupement de fans inconditionnels qui font vivre le film depuis plus de 35 ans.