Michael Caine est Harry Brown, et il n’est pas vraiment content. En tout cas, ce sont les cités anglaises qui l’ont senti passer, flingue à la main mais la classe inégalable.
Il aura mit du temps à arriver, ce film polémique anglais. Oui, car comme chaque « vigilante movie» (ou film de justicier en vf), le thème de l’auto-défense et du fait de faire justice soit même sans consulter les autorités remue forcément la tête et pose un certain nombre de questions sur la justification de ces pratiques. D’autant plus qu’ici il dénonce clairement la politique anglaise vis-à-vis des cités et d’une jeunesse parfois incontrôlable (chose qui n’est pas si différente de ce que nous avons en France au fond, même si nous traitons ce problème différemment au cinéma).
Harry Brown est donc déjà sorti depuis un petit moment en Angleterre (2009) et débarque avec son flingue seulement maintenant en France. Harry Brown, c’est Michael Caine, ou plutôt Sir Michael Caine, l’acteur le plus cool de sa majesté, à la classe incomparable (n’en déplaise à George Abitbol). Alors qu’il vient de voir sa femme disparaitre, Harry perd donc son ami, tué par la racaille de sa cité dans un sombre tunnel. A partir de là, et avec sa formation d’ancien marine, il va chercher à venger son ami, traquant et tuant les 3 abrutis qui ont osé s’attaquer à ses proches.
En fait, rien de bien neuf dans le sujet puisque chaque film sur ce thème possède les même étapes, du trauma à la recherche du moyen pour se venger. S’en suit forcément quelques mises à mort jusqu’au questionnement interne (ou non) et le retour à la vie normale et plus lumineuse du justicier. Peu de surprises donc de la part de Daniel Barber dont c’est le premier film. Mais le jeune réalisateur arrive tout de même à donner de la personnalité à son histoire et à nous plonger dans l’atmosphère d’une cité anglaise oppressante tout en dressant le portrait d’une jeunesse sans repères, sans respect. Et c’est ce fond british qui créé la différence par rapport aux autres « vigilante movies» , nous laissant témoins d’une violence dure, justifiée, nécessaire mais qui n’entre pas dans les codes du système.
Il y a également la présence incroyable d’un Michael Caine qui, malgré l’âge, impose toujours autant le respect avec un charisme sans failles tout en restant incroyablement humain. Il n’est pas une machine de guerre mais un homme qui a vécu, qui ne voudrait pas avoir à en venir là mais il n’a pas le choix pour obtenir justice, d’autant qu’il n’est plus tout jeune. A côté, Emily Mortimer fait son possible pour incarner la force de police équitable mais qui est dépassée par ce qu’il se passe.
Au fond, si le film ne brille pas par son originalité, il se montre tout de même assez efficace dans le genre, notamment grâce à un Michael Caine impérial.