Les incursions de Clint Eastwood dans le fantastique sont très rares. C’est donc avec appréhension que l’on attendait sa vision de l’Au-Delà. Et on a eu raison car c’est malheureusement la déception.
Depuis son « testament cinématographique» Gran Torino, on sent bien que la légende Eastwood essaie de raccrocher, de nous dire que bientôt, il ne nous offrira plus de grands films comme il en a l’habitude. Forcément, à 80 ans, papy Clint doit sentir la fin proche (prions pour qu’elle prenne son temps tout de même). Pas étonnant qu’il s’intéresse à un sujet aussi triste et mystérieux que la mort et ce qui nous attend après.
C’est donc par le biais de trois personnages, qu’il va nous présenter sa vision de l’Au-Delà. Trois destins qui finiront forcément par se croiser. Une journaliste va faire l’expérience de la mort pendant le Tsunami de Thaïlande pendant que George, médium à San Fransisco chercher à arrêter de vivre à travers les vision de ses « patients» et qu’un jeune gamin vient de perdre son frère jumeau dans un accident tragique à Londres. Tous trois vont alors chercher à vivre avec ce qui leur est arrivé à leur manière tout en cherchant à en savoir plus sur ce qu’il y a donc après la vie.
Alors oui, connaissant le sujet, on savait forcément que le film n’allait pas être spécialement joyeux et en cela Clint Eastwood raconte son histoire de manière honnête, fidèle à son humanisme légendaire qui fait de lui un réalisateur généreux. Mais voilà, mener trois récits en parallèle est toujours un pari risqué, celui de voir (au moins) l’une des histoires plus faible que les autres, avec moins de choses à raconter. Et malheureusement, malgré toute son experience, Eastwood tombe dans le piège et n’arrive pas à équilibrer son film de manière astucieuse, nous forçant à suivre les aventures d’une Cécile de France assez insupportable. En effet, si elle a le mérite d’ouvrir le film de manière spectaculaire (mais aux sfx mal maitrisés), l’histoire de l’héroïne française n’est pas spécialement utile au récit, au développement des personnages annexes ou à la réflexion sur le sujet. Ajoutez à cela une vision cliché de Paris (et des montagnes Suisses), une Cécile de France clairement pas au niveau d’interprétation requis (comparée au casting anglophone) et une histoire personnelle empruntés aux éternels films franco-français (la journaliste en crise, trompée par son mec/patron).
Heureusement, les deux autres histoires, bien que classiques, sont mieux traitées et auraient largement suffit à explorer pleinement le sujet du film. On sent bien que Clint a plus d’affinités avec une histoire anglophone. Il y maîtrise mieux son sujet. Les acteurs y sont d’ailleurs très bons, que ce soit Matt Damon (qui étonne encore par la retenue de son jeu et délivrant tout de même son lot d’émotions) ou les jeunes frères jumeaux George et Franky McLaren. Mais si ces histoires sont en soit bien foutues, le réalisateur n’évite pas l’écueil du trop plein d’émotions. Trop de piano pour souligner les longs silences pesants qui rendent certaines séquences longues au possibles alors que d’autres touches d’humour pas spécialement bienvenues viennent perturber cette atmosphère. Entre larmes de crocodile ou émotions justes mais retenues, le réalisateur ne sait plus trop sur quel pied danser et perd le spectateur entre les trois destins.
Alors bien sûr, on saluera l’éternelle volonté de Clint Eastwood de ne pas verser dans le fantastique de M. Night Shyamalan ou le blockbuster à grand coups de SFX pour illustrer l’au-delà. Au contraire, il délivre un récit très personnel, fidèle à lui-même. Mais avec un mauvais équilibre des histoires traitées, le réalisateur qui n’est pas prêt de prendre sa retraite rate son sujet et ne nous présente qu’un film larmoyant et long … très long.