L’affaire commence à s’ébruiter outre-Atlantique et risque de faire grand bruit: Diablo Cody, superstar des jeunes scénaristes américains, aurait-elle quelque peu pompé son tout premier scénario, Juno, qui l’a fait passer de l’ombre à la lumière en 2007?
Si rien ne permet de l’affirmer à l’heure actuelle, il faut reconnaitre que le script présente de troublantes similitudes avec celui d’un film Sud-Coréen, Jenny, Juno…
Avouez que ce serait un comble pour un scénario oscarisé!
Ce n’est pas un scoop, bien des chemins mènent au scénario, et il n’est pas rare qu’un romancier ou un acteur, un ancien policier, journaliste ou professeur, voire un médecin se reconvertisse dans une carrière de scénariste. A Hollywood, tout étant « bigger than life », c’est une ancienne… stripteaseuse qui est devenue en quelques mois la scénariste du moment. A l’aube de son trentième anniversaire, Diablo Cody n’a eu besoin que d’un film et un gros buzz pour se propulser dans la très convoitée liste des scénaristes hollywoodiens superstars.
Si elle s’était déjà fait connaître par le biais de son blog au nom plus qu’évocateur, The Pussy Ranch, c’est à l’automne 2007 que la jeune femme devient la coqueluche des médias. Il faut dire que les studios Universal annoncent à cette époque qu’ils viennent d’acquérir les droits d’adaptation de Candy Girl: A Year in The Life of an Unlikely Stripper, un ouvrage dans lequel l’auteur relate son passé de stripteaseuse.
Coup de chance, cette actualité coïncide avec la sortie du très remarqué Juno de Jason Reitman, un long-métrage qui marque les débuts de Diablo Cody en tant que scénariste. Le film traite avec un humour cynique d’un sujet polémique: une adolescente enceinte décide de faire adopter son enfant. Par le biais des festivals, notamment Sundance, et du bouche à oreille, ce petit film indépendant devient le succès surprise de l’année, on le compare au génial Little Miss Sunshine, qui avait propulsé son auteur, Michael Arndt, au panthéon des scénaristes.
Sorti début septembre aux USA, Juno connaît un début de carrière retentissant et Diablo Cody reçoit fin 2007 le Prix du Meilleur scénario aux Satellite Awards. Dès lors, la machine est lancée. Elle reçoit l’Oscar du Meilleur Scénario, vend son second spec-script, Jennifer’s Body, une comédie horrifique, aux studios Universal, et last but not least, Steven Spielberg l’engage pour développer un projet de série télévisée alors au simple état de concept qui deviendra la réjouissante United States of Tara.
La jeune femme, désormais archi bankable, multiplie les projets pour petit et grand écran, s’initie à la production, fait un enfant, s’offre son propre show, bref, rien ne semblait pouvoir enrayer cette incroyable machine, jusqu’à ce qu’une très vilaine rumeur se mette à circuler sur le Net: le scénario de Juno présenterait un certain nombre (quinze en l’occurrence) de similitudes avec celui d’un film Sud-Coréen, Jenny, Juno, écrit et réalisé en 2005 par Ho-joon Kim.
Voici, outre le titre, les quinze points de ressemblance relevés:
- Au cours du générique d’ouverture, la protagoniste traverse la ville à pied (en vélo dans le film coréen) jusqu’à un drugstore où elle achète un test de grossesse et le fait aussitôt dans des toilettes.
- Dans le générique d’ouverture, le texte semble écrit au crayon par une ado.
- L’héroïne a fait trois tests de grossesse d’affilée.
- La conception du bébé est intégrée sous la forme de plusieurs flash-backs
- Dans le film coréen, c’est un livre pro-life qui décide l’héroïne à ne pas avorter et dans le film américain, c’est une militante pro-life asiatique.
- Le bébé sera adopté dans les deux cas, même si dans le film coréen il l’est par un membre de la famille de l’adolescente.
- Dans les deux films, on trouve des déclarations d’amour via des messages écrits à la craie sur le trottoir et des cadeaux dans la boîte aux lettres.
- Le petit ami fait partie de l’équipe d’athlétisme.
- L’héroïne se découvre en cours de route une rivale amoureuse, c’est la jalousie qui lui fait prendre conscience de ses sentiments pour le père de son bébé.
- Le petit ami fait tomber un record (sportif dans le film américain, lors d’un concours de jeu vidéo dans le film coréen)
- Ce petit ami est un total geek mais il est plein de charme et respectueux des femmes.
- Il semble particulièrement faible et indécis au début de l’histoire mais va se révéler très solide au contraire.
- Le petit ami propose de porter le cartable de la jeune fille, enceinte jusqu’aux dents, mais elle refuse.
- Chacun des films repose sur sept personnages importants.
- La jeune fille fait du vélo. (Mouaif…)
Bon, ces arguments ne sont pas tous limpides mais force est de constater que ça fait sacrément réfléchir, non? Interrogée sur l’affaire, Diablo Cody prétend tout ignorer de Jenny, Juno et l’a qualifié de « cousin spirituel » de son propre scénario.
Je n’ai jamais vu ce film coréen mais j’avoue que je suis perplexe. Ce n’est pas cette bande-annonce qui va m’éclairer, c’est certain… J’adore Juno, j’ai toujours eu beaucoup d’admiration pour Diablo Cody, bref, je ne sais pas trop quoi penser. Et vous, amis lecteurs?
Edit: Ironie dramatique, je viens de tomber sur cette interview de Diablo Cody dans laquelle elle évoque justement l’écriture de Juno…
Copyright©Nathalie Lenoir 2011