L’équipe de super héros Marvel la plus connue revient pour un troisième volet et se ramasse formidablement. X-Men 3, le film où les méchants ont 100 fois plus de charisme que les gentils.
Actualité oblige (les x-men remixés vont revenir au cinéma dans X-Men First class d’ici cette été et les premières photos révélées la semaine dernière ne nous rassurent pas vraiment), revenons sur nos mutants préférés. Après 2 numéros signés par le génial réalisateur (et brillant raconteur d’histoire) Bryan Singer (Usual Suspects, Un élève doué) caractérisés par une mise en scène assez juste, rendant compte de toute la charge émotionnelle des personnages, mais aussi de leurs personnalités complexes (2 marques de fabrique ayant faits le succès d’X-Men), c’est Brett Ratner (qui traîne Rush Hour derrière lui et… des clips) qui assuma la lourde tâche de garder au sommet l’adaptation doublement réussie. Après un traitement académique, une réalisation soignée, un scénario millimétré, c’était donc la patte fourre-tout et populaire lourdingue de Brett Ratner qui allait trancher la série, et faire rentrer les X-men dans la catégorie des mauvaises adaptations de comics. Jusqu’alors, les X-Men avaient été honorés par des dessins animés assez fidèles et des films de qualité (scénaristique, d’interprétation juste et de mise en scène moderne pas trop déstabilisante). Mais à l’image des 3 épisodes de Blade, X-Men est passé d’une adaptation réalisée aux petits oignons comme les Spider-Man à un foirage nanaresque style Ghost Rider, Blade 3 (justement), Punisher, Captain America (d’une autre époque donc c’est presque compréhensible) ou bien les horribles Fantastic Four (quelles daubes !).
Tout cela est dû à un empilement d’histoires du comics qui furent développés pendant des années au fil des numéros, et sauvagement torchés par Brett Ratner en 1h45. En effet que ce soit l’histoire d’un antidote à la mutation qui est l’antéversion cinématographique des pandémies que subirent les mutants dans la BD, que ce soit la montée en puissance du Dark Phénix (ici une Jean Grey simplement schizophrène envahie par une sorte de virus alien sombre prenant possession de son être qui n’est en fait que sa part inconsciente avide de pouvoir et omnipotente), que ce soit le retour de la confrérie des mauvais mutants (où seuls Magneto et Pyro sont des personnages développés, les vrais autres sont… cachés ?), ou enfin l’apparition du Juggernaut (simple homme de main au cerveau atrophié) d’Angel (adolescent décidant au dernier moment que l’abomination dont il est affublé depuis sa puberté ne vaut finalement pas le coup d’être arraché ) ou du fauve (scientifique-intello-diplomate dont la tronche est un mix entre un kiki pourpre et le Roi Lion), X-Men 3 l’affrontement final est un joyeux cirque où se croisent de nombreux personnages balançant chacun 10 répliques maximum dans tous le film. Ajoutez à cela les petites erreurs des épisodes précédents : à savoir le trop grand rôle de Wolverine, les petits rôles de Tornade, Cyclope et des autres grands X-Men classiques ou bien encore la poursuite des histoires à la dawson des X-Men juniors (Iceberg, Malicia, Shadowcat et Colossus), ce 3ème opus peine à captiver l’essence même qui a fait le succès de la série à savoir des personnages forts, généreux, partageant des valeurs de défense pacifique de leurs idéaux confrontés à des vilains tout aussi torturés cherchant absolument leur place dans une société qui les rejettent.
Et non, X-Men 3 l’affrontement final est comme un gros donut fourré au chocolat qui donne envie au départ mais qu’on veut abandonner arrivé à la moitié. Au-delà des simples libertés prisent avec le comics, le viol des personnalités est un sacrilège : des vilains juste vilains, fanatiques et stupides (Magneto qui après avoir encouragé Phénix et alors qu’elle se déchaîne « mon dieu qu’ai-je fait » ??), des dialogues très Action-Movie qui une fois de plus décrédibilisent l’ensemble, des gentils X-Men faibles (ils se font dégommer à la moindre occasion mais pourtant ils semblent gagner à la fin, vraiment bizarre !), la disparition du fameux esprit d’équipe X-Men est largement préjudiciable au ton du film. Et puis vraiment, voir le film se scinder en un film d’action avec des adultes et une série de collégiens dans leurs premiers émois c’est vraiment pas possible, j’insiste !
Donc voilà : film à la va-vite, personnages inintéressants et tellement communs (alors que la série des X-Men est fondé depuis 1963 sur l’idée qu’ils sont mis au ban de la société), totalement déséquilibré avec ses doses d’actions sortis de nulle part (morts de personnages, méchants qui font irruption dès que ça leur chante mais il faut reconnaître que ce sont eux qui font le film), histoires des puceaux X-kids agaçantes… à trop vouloir en mettre, X-Men 3 l’affrontement final est à l’opposé des 2 numéros de Bryan Singer qui bénéficiaient d’une réelle progression. Trop gourmand, Brett Ratner sert une succession de plats tièdes où les acteurs pataugent pour tenter de faire vivre leurs rôles avec le peu de place qui leur étaient dédiés. Souhaitons un X-Men First Class respectueux et qui installe ses histoires tranquillement, même si pour cela le Golden Gate Bridge doit rester à sa place et Alcatraz ne pas exploser dans tous les sens…on saura s’en passer.