Évasion dans le grand Nord, traversée du désert, souffrance, courage et amitié, voilà ce qui vous attend sur les Chemins de la Liberté de Peter Weir. Une odyssée longue et érintante à vivre avec intensité.
Peter Weir aime les grands voyages. Aussi bien physiques que psychologiques (Le Cercle des Poètes Disparus, Truman Show ou Master & Commander pour ses connus). Il était donc naturel que le réalisateur australien s’aventure dans les grands espaces, du froid de la Sibérie au désert de Mongolie, pour raconter l’histoire d’un groupe d’hommes fuyant un goulag pour retrouver la liberté. D’après une histoire vraie, et largement romancée, nous allons donc suivre ces différentes personnalités, les voir se lier et faire preuve d’une ténacité incomparable pour vivre et survivre.
Avec un tel sujet, il y avait de quoi faire un grand film, une véritable leçon de courage. Et c’est bien ce que Peter Weir nous offre ici. On pourra certes se plaindre d’un début qui survole l’évasion un peu facile des goulags (scènes coupées ?) mais c’est pour mieux se concentrer sur le cœur du sujet qui est la survie en groupe et l’endurance sur un voyage aux limites de l’impossible. De ce côté le dépaysement est total. D’une part parce que le réalisateur fait preuve d’une mise en scène et d’un cadrage généreux et travaillés, magnifiant les paysages comme rarement il est fait au cinéma, sans trop en faire, et d’autre part l’histoire, bien qu’alourdie par quelques longueurs ou répétitions (toutefois nécéssaire pour nous faire comprendre le calvaire des héros) entretien notre intérêt pour nous mener à destination. Nos héros, qui vont apprendre à se connaitre, vont se lier bien plus qu’ils ne le penseraient et vont souffrir de la faim, du froid, de la marche interminable, et pourtant, ils seront toujours debouts, ensemble. Chaque disparition, inévitable, devient alors une perte difficile pour le moral.
Si le spectateur accroche à la fresque, c’est aussi grâce aux acteurs qui donnent exactement ce qu’il faut pour nous lier à eux et suivre leur périple avec attention, nous faisant ressentir leur souffrance autant que leur espoir. En cela Ed Harris est comme toujours impérial et entretien une relation paternelle très touchante avec la jeune Saoirse Ronan (découverte grâce à Peter Jackson dans Lovely Bones). Colin Farrell quand à lui est parfait un chien fougueux et mystérieux, contrebalançant le manque de charisme d’un Jim Sturgess un peu fade en comparaison (si le manque de bouteille propre au comédien fait cet effet, c’est aussi dû au fait qu’il endosse le rôle du héros, gentil, infaillible et auquel on préférera forcément le loup rageur).
Avec cette équipée le voyage sera donc dur, semé d’embuches et toujours à deux doigts du renoncement mais on ne peut s’empêcher de continuer à tracer le chemin car le message (cucul pour certains, touchant au cœur pour d’autres) vaut le voyage. Peter Weir signe ici une grande aventure humaine où chaque pas est pesé et nous fait comprendre alors tout ce que l’homme peut faire pour sa survie et sa liberté. Magnifique.