Réalisation ultra soignée, le Discours d’un roi est une adaptation de grande qualité d’une histoire vraie et So British qui plus est. Retour sur ce probable champion des oscars 2011.
Semi-sensation du début d’année, Le Discours d’un roi est LA réalisation historique de ces derniers temps qui, emmené par un casting imposant et convaincant, va marquer les esprits. Basé sur l’histoire vraie d’un prétendant au trône bègue luttant contre ses appréhensions pour parvenir à s’exprimer en public, avec en toile de font la montée en puissance des régimes totalitaires, le film est une reconstitution réaliste de cette époque troublée où l’empire britannique vit ses derniers sursauts de pouvoir.
Le futur George VI est un personnage taciturne, colérique mais également bon et valeureux. Respectueux de son rang (en 2ème position pour hériter du trône d’Angleterre), il est malheureusement affublé d’un bégaiement incapacitant, surtout pour un personnage public comme un prince de la famille royale. Suite à la désaffection de son frère pour le trône, plus intéressé par les femmes et une vie plus légère, il va devoir s’installer au devant du peuple anglais (et des peuples du vaste empire britannique) et restaurer l’image de la puissance en prenant la suite d’un père imposant. Pour cela, il va consulter très rapidement un orthophoniste iconoclaste australien qui se révélera un bon allié et d’un conseil plutôt avisé.
Servi par une excellente brochette d’acteurs, Le Discours d’un roi est avant tout une peinture historique, pas trop romancée, à la réalisation soignée et superbe. Les personnages qui se bousculent sous les traits des hommes et des femmes qui ont fait l’entre-deux-guerres sont tous marquants les uns que les autres : mené par un Colin Firth incroyable de retenu et d’explosion d’émotions, les Helena Bonham Carter, Geoffrey Rush (aussi époustouflant que le rôle titre), Timothy Spall, Guy Pearce ou encore Michael Gambon marquent tous de leur empreinte par des compositions justes et sans trop de fioritures, toujours remonté d’une once de traits d’esprits délicieux. Très british !
Reconstitution fidèle, image superbe, bande-son agréable, rythme de progression de l’histoire assez confortable (pour ne pas dire trop lent), le déroulement du scénario se poursuit confortablement. Alors même si on sait ce qui va se passer, pas seulement parce qu’il suit effectivement la trame historique, la suite assez logique et un petit peu embellie des événements est assez intéressante.
Mais au-delà du simple personnage royal qui galère à aligner trois mots devant une audience ultra-patiente, Le Discours d’un roi est captivant pour sa capacité à exprimer en sous-entendu toute la montée en puissance d’idéaux extrêmes qui vont peu à peu ravager l’Europe et qui sont des réponses à l’entêtement de chacun pour la préservation d’une époque révolue où la toute puissance de certaines nations n’étaient bâties que sur la colonisation forcée des peuples. Alors certes le début s’ouvre sur un speech raté, on découvre que le frère ne semble pas disposé à prendre la tête du pays donc « Bertie » va devoir s’y coller, puis, il va bien finir à le sortir son speech (eh oui, vous aurez droit à tout le discours…du roi). Passé ce léger handicap personnel qui fait que l’homme est face à des épreuves plus que pénibles, il faut surtout y voir la force de caractère et le sens du devoir d’une élite composé d’hommes de cœurs, exprimant leur volonté par rapport à ce qui doit être fait. Car lorsqu’on nait avec des privilèges dans une famille royale, on a surtout des devoirs et des comptes à rendre à son peuple et on doit tout faire pour les représenter et les rendre fiers de leur pays. Valeurs citoyennes d’indépendance qui ont trouvé leur paroxysme dans les colonies mais qui se sont plus ou moins endormies dans les anciennes grandes nations. L’autre atout majeur de ce film est donc pour moi, le message sous-jacent de la fin d’une époque. Derrière l’incarnation saisissante de ses personnages, des valeurs bien chevaleresques d’honneur et de devoir se retrouvent magnifiées par des antihéros pas trop sûrs d’eux-mêmes.
Le résultat du Discours d’un roi est très touchant, rempli d’émotions mais pas trop. Pas de larmichettes, juste un fort good-feeling à voir un homme juste et droit parvenir à surmonter ses craintes viscérales pour prendre la tête d’une nation (et d’autres peuples) à la recherche d’un leader incarnant morale et justice. Beaucoup de leçons à tirer de ce film… mais c’est surtout un très beau film, qui, gageons, aura un très beau parcours. C’est ce qu’on lui souhaite bien qu’il ne sera jamais vraiment culte.