30 ans après être devenu culte auprès des geeks, Disney modernise l’univers de Tron tout en gardant l’héritage du premier volet pour un résultat visuellement sensationnel !
Il y a près de 30 ans, Tron était une révolution technologique au cinéma, et un échec financier cuisant. Aujourd’hui pourtant, après une attente interminable, et un statut culte, Disney nous en propose enfin une suite. Nous voici donc replongés dans le monde fascinant de Tron – l’Héritage.
Pour moderniser cet univers, Disney et le créateur de Tron Steven Lisberger ont trouvé un jeune réalisateur qui a fait ses preuves sur quelques publicités mais au sens du design et au style déjà surprenant, Joseph Kosinski. Bien leur en a pris puisque le réalisateur nous plonge d’emblée dans un univers saisissant. Le monde de Tron, modernisé entres ombres et fluos éclate les rétines des spectateurs pour nous offrir l’un des mondes virtuels les plus beaux que l’on ai pu voir au cinéma depuis longtemps. Entre fantastique et SF, impossible de ne pas accrocher à ce Tron l’Héritage filmé avec un style et un bon goût indéniable. Une véritable claque visuelle où les images sont impressionnantes et flattées par une 3D discrète mais offrant une profondeur de champs telle qu’elle n’avait pas été aussi bien exploitée depuis Avatar (enfin !).
Si les images de cet Héritage sont de toute beauté, c’est aussi ce qui entraine un des défauts du film. En effet, conscient du look bien léché de son film, Kosinski s’attache bien trop au cadrage et à rendre son film iconique, délaissant le rythme des scènes pour un résultat trop flatteur et posé. Comme si il se reposait trop sur le statut « culte» du premier volet pour être paresseux dans la mise en scène et l’exploration de l’univers qui parait finalement assez vide (pas beaucoup de population parmi les programmes) et rempli d’emprunts à Stars Wars ou Matrix (en même temps, pour ce dernier, ce n’est que justice rendue). Heureusement, pour palier à ce faux rythme, il y a la BO des Daft Punk qui, sous ses airs Zimmeriens dans leur orchestration, booste bien les scènes d’action et surtout donne encore plus de consistance à cet univers. On retiendra d’ailleurs un Adagio magnifique et un Dereezed survitaminés tous deux forts bien exploités avec les images.
Le spectacle est là mais on déplorera tout de même un gros manque dans le film. En effet, avec un univers visuel innovant et travaillé comme celui-là (à défaut d’être habité), on était en droit de s’attendre à un scénario à la hauteur. Malheureusement ce ne sera pas le cas et l’histoire sera seulement celle très convenue d’un fils partant à la rescousse de son père, un jeu du chat et la souris dans le monde Tron qui ne fait qu’effleurer des thèmes qui avaient une portée très intéressante. Ainsi le thème de la Création avait tout du parallèle quasi-biblique, surtout vu le look de Kevin Flynn (supra-cool la veste à fermeture luminescente au passage !) mais ne sera pas plus approfondi. Il en est de même pour de nombreuses autres questions philosophiques qui avaient clairement leur place ici, d’autant plus qu’il n’y a finalement pas tant de scènes d’action et qu’il était donc possible de les aborder ici tout en gardant la patte entertainement.
Les scènes d’actions sont d’ailleurs étrangement dosées. En effet, après une petite introduction comme il se doit, pour que tous les spectateurs aient le même degré de connaissance de l’univers, nous sommes plongés directement dans les jeux. Le réalisateur évacue ainsi d’emblée dans la première partie du film les épreuves du disque ou de la course qui ont fait la renommée de Tron. Évidemment, celle-ci sont mises en scène de manière impressionnante et exaltent le spectateur. Il en sera de même avec un baston dans un bar rythmée par les Daft Punk. Mais le reste sera assez mou de genou et le final manquera de puissance. D’autant plus que l’ensemble reste assez froid et dégage peu d’émotions pour le spectateur.
C’est peut-être aussi dû au fait que l’acteur principal, Garrett Hedlund manque sacrément de charisme pour que son sort et sa relation avec son paternel nous préoccupe vraiment. Acteur facilement interchangeable avec n’importe quel acteur de série télé, son jeu manque clairement de maturité. Ce n’est pas le cas par contre de Jeff Bridges reprenant son rôle de Kevin Flynn, impérial. Sans lui, il est clair que le film n’aurait pas pu fonctionner et même son double virtuel rajeuni, un peu bizarre dans les premières images dégage plus de charisme qu’Hedlund. Puis il y a la jeune et jolie Olivia Wilde dont le seul regard hypnotise autant que les images du monde virtuel de Tron.
Mais malgré ces défauts qui en font un peu un film « malade» (un peu les mêmes que pour le Tron original d’ailleurs), on ne peut s’empêcher d’être fasciné par le monde virtuel étalé devant nos yeux. Les images et l’ambiance sonore font un boulot monstre pour un spectacle total qui ne peut être pleinement apprécié que sur grand écran. Malgré son peu d’expérience sur du long-métrage, Kosinski fait preuve d’une maitrise technique et esthétique absolue. Il lui faudra encore apprendre certes à gérer ses comédiens et les émotions à véhiculer mais avec ce nouveau départ pour Tron il met clairement sur pied un univers que l’on a hâte d’explorer davantage dans de prochains projets (oui, séquelles et série tv sont au programme). Mission réussie pour Disney qui a donc réussi malgré tout à remettre sur pied un univers culte que l’on pensait disparu depuis 30 ans.