Alors que son Héritage attendu depuis un sacré bout de temps débarque enfin sur nos écrans, revenons donc sur le Tron original qui a tant révolutionné le cinéma.
A la fin des années 70, Disney essayait de se diversifier et avait proposé son premier film de science-fiction, Le Trou Noir. Ce fut un échec commercial mais la firme aux oreilles de Mickey est toujours motivée pour tenter de nouvelles expériences. Il faut dire que, mine de rien, côté innovation, Disney a très souvent fait bouger les choses, de Blanche-Neige à Mary Poppins en passant par Fantasia. Ainsi, lorsque Steven Lisberger débarque avec une nouvelle idée de film de SF, le studio est preneur.
C’est pourtant un pari risqué puisque les jeux vidéo en sont à leurs débuts (Pacman vient d’arriver sur les bornes d’arcade) et que l’imagerie numérique n’en est qu’à ses balbutiements sur grand écran. En 1982, c’est tout un univers virtuel qui est créé sur ordinateur et projeté sur grand écran. Celui de Tron, où un concepteur de jeu va se retrouver dans l’ordinateur pour y remettre de l’ordre. Alors devant nos yeux s’étale un monde inédit conçu par l’informatique où les humains sont des programmes aux costumes lumineux. Du jamais vu à l’époque et une véritable révolution technique pour le milieu du cinéma qui prend alors conscience de ce que peuvent permettre les pixels pour développer la créativité.
Et dans ce nouveau monde il y a du spectacle (la course de light cycle et le duel de disques resterons dans les mémoires des spectateurs) mais aussi de la réflexion. Car, non content d’innover et malgré un scénario sur le fond assez simple, c’est encore une critique de la machine à laquelle nous avons droit. Ainsi, en pleine période de guerre froide, l’informatique est paradoxalement mise au service d’un message dénonçant l’arrivée de son intelligence artificielle. Heureusement que Jeff Bridges y est présent pour apporter un peu d’humanité à tout ça.
Mais plus que le fond du film, c’est son influence et son destin qui sont intéressants. Car évidemment, comme toute grande innovation, cet avant-gardiste Tron sera incompris du grand public. Il faut dire que parler de programmes, de concepteur, de nanosecondes, … ne parle pas spécialement au spectateur, peu habitué à ces concepts informatiques réservés aux nerds. Le film pionnier sera donc un nouvel échec commercial dans le domaine de la science-fiction pour Disney, refroidissant pas mal ses ardeurs de ce côté. Mais c’est sans compter sur une nouvelle génération entière élevée aux bits des jeux vidéos et qui va connaitre le film par l’intermédiaire de la vidéo. Alors que leurs parents n’avaient pas forcément bien compris tout le propos du film et sa portée technologique, les enfants geeks s’imaginent bien dans les courses de light cycle. Petit à petit, Tron va donc gagner l’estime des spectateurs jusqu’à la fin des années 90 où un autre film traitant d’univers virtuel (Matrix), va révéler le pouvoir des génération geek qui va dominer hollywood pendant les années 2000. Tron est alors un peu comme la bible, le socle commun à ces personnes abreuvées d’informatique, le film qui a permit de voir les innovations suivantes arriver (John Lasseter, ILM, James Cameron doivent beaucoup aux innovations de Disney).
Devenu culte, on s’aperçoit alors de toute l’influence qu’à eu Tron, de citations ouvertes dans les Simpsons à la reprise des thèmes abordés en passant par l’amélioration des techniques qu’a initié le film (et ce, malgré son aspect aujourd’hui dépassé mais au charme indéniable). Cette influence s’est étendue non seulement au cinéma (Matrix, entre autres, lui doit beaucoup, même inconsciemment) mais aussi à tout un pan de la culture, une franchise qui fut un échec commercial (design, musique, séries, inventions, jeux vidéos). Aussi, lorsqu’un pur « fils de Tron» , Joseph Kosinski, vient présenter des essais technique pour dépoussiérer le mythe, Disney y voit une fabuleuse occasion de moderniser l’univers de Lisberger. Avec son appui, Disney va donc à nouveau innover (nouvel univers graphique, double rajeuni de Jeff Bridges, costumes, 3D) pour faire revivre, après presque 30 ans.