Star Wars Episode III: La Revanche Des Siths.

Star Wars Episode III:

La Revanche Des Siths.

(réalisé par Georges Lucas)

Chroniques d'un crépuscule.

La Revanche Des Sith est à la seconde trilogie ce que L'Empire Contre-Attaque est à la première: la pièce maîtresse, le coup de maitre de Lucas. Entre les deux, ma préférence va clairement à cet opus qui reste (et restera) mon favori. C'est pour cette raison que j'avais hâte de l'aborder tout en appréhendant le nombre conséquent de choses à dire. Il n'empêche que les mots ne retranscriront jamais de manière parfaite l'effet que nous fait un film. Et c'est bien dommage.

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La guerre civile s'enlise peu à peu. Les séparatistes, menés par le compte Dooku, prennent d'assaut la planète mère de la République: Corruscant. Ils enlèvent le chancelier Palpatine, provoquant irrémédiablement l'emballement du conflit. Et la fin peut commencer...

Prélude à l'Apocalypse.

Comme jamais dans un Star Wars, l'introduction est exceptionnelle. Film dans le film, elle est maîtrisée de bout en bout. Le métrage s'ouvre sur le silence de l'espace et sur le gros plan d'un vaisseau de combat. Cette vision contraste avec la tension dans laquelle s'est conclu le précédent chapitre. Mais on se dit que c'est le calme avant la tempête. Et par un habile mouvement de caméra, Lucas offre la vue de ce qui se passe réellement au dessous du vaisseau. Une gigantesque bataille spatiale se déroule sur l'orbite de la planète. On suit deux chasseurs qui se faufilent entre les vaisseaux alors qu'autour d'eux tout explose. Cette intense première séquence qui est (étonnamment) remplie d'humour (R2 y est irrésistible) se conclut par la mort de Dooku et un atterrissage d'urgence. Cette introduction grandiose plonge d'entrée le spectateur dans l'univers et l'ambiance, tout en rassurant sur la qualité des effets spéciaux. C'est fou la vitesse du progrès dans ce domaine. Si certains sont déjà vieillissants, ils sont peu nombreux et ne laissent pas l'impression factice de ceux de l'épisode II.

Tragédie.

Dans l'analyse de l'épisode précédent, je mettais en avant le rôle du spectateur dans la tragédie qui se mettait en place. Dans ce chapitre, et à l'approche de la conclusion, ce sentiment est décuplé. On vit les derniers instants d'Anakin Skywalker et bien que l'on en connaisse l'issue on espère jusqu'au dernier moment qu'il fasse le bon choix. On peste quand il ne saisit pas les allusions de Palpatine, on espère qu'il écoutera Windu et n'ira pas dans le bureau du chancelier, on le traite d'abruti car il ne comprend pas que c'est précisément ses actions qui vont pousser Padmée vers la mort. Mais le sentiment le plus intense est ressenti lorsqu’il bascule. Mace Windu a vaincu Palpatine, tout peut s'arrêter mais le choix final revient au jeune padawan. On a un dernier soubresaut d'espoir puis ce dernier s'envole au loin avec le corps du maître Jedi. Malgré notre volonté de le sauver, la fatalité est plus forte. Implacable, elle permet au plan de Palpatine de se dérouler sans accrocs. Il en résulte un profond pessimisme. Rien ne peut empêcher le crépuscule du régime. La scène de la purge sur une musique exprimant le désespoir en est le parfait exemple.

Symbole et politique.

Le cœur du film. Le politique était au centre de cette prélogie, je l'ai assez répété. Lucas offre par conséquent une conclusion à cette intrigue. Les Jedi y demeurent toujours aussi inactifs. Seul le conseil et Yoda se décident à agir mais il est déjà trop tard. La plupart d'entre eux mourront dans l'ignorance la plus totale (ironique connaissant leurs pouvoirs), tués par des êtres déshumanisés -des clones- en passant pour des traitres aux yeux du monde. La vision de Lucas est pessimiste et désenchantée. Il décrit l’impossibilité d'un régime démocratique à agir pour se protéger alors qu'un seul homme manipule les masses anonymes représentées par les clones et le sénat.

- 'Ainsi s'éteint la liberté. Sous des applaudissements.' Padmée au sénat.

Cette phrase explicite bien la pensée de Lucas et l'immobilisme du pouvoir. Si le sénat représente la masse anonyme (on les voit de loin, comme des formes floues) l'ordre Jedi représente la République. Il y a plusieurs choses à dire sur ce point. Windu et Yoda caractérisent l'inaction. Ils refusent le sang neuf, le renouveau apporté par Anakin et la fameuse prophétie. Windu se montre borné et paternaliste en voulant l'écarter des décisions. Ce qui a bien évidemment pour incidence de le pousser vers le seul qui l'écoute et le séduit: le contre pouvoir. Cette idée de la jeunesse mise à l'écart du pouvoir est intéressante car véridique. Le ton paternaliste et volontiers conservateur de la classe dirigeante peut conduire les jeunes vers les extrêmes. C'est la mission éducative que doit se donner le pouvoir pour protéger la démocratie. Yoda est la personnification de la République. Il est lent, presque immobile sauf lorsqu'il se décide à agir. Ce qu'il fait au dernier moment. Et ce n'est pas innocent si Palpatine et lui se balancent les sièges du sénat dans la tronche. Mais à cause des erreurs commises en amont, il est trop tard:

- “En exil je dois partir, mon échec je reconnais. Yoda.

Et voilà comment un régime s'effondre. Le film est une mise en garde.

Venons en à l'autre côté de la médaille, Palpatine, le moteur de cette prélogie. Il achève son plan: satisfaire sa soif de pouvoir, éliminer ses opposants (les Jedi) et ramener la paix (les séparatistes). Tout cela en pervertissant la jeunesse élevée par l'ancien régime (Anakin devient Dark Vador). On voit bien qu'il est un produit de la République lorsqu'il est défiguré. Il n'a plus de visage (par l'action de Windu, donc de la République) et devient un mal insidieux, sournois qui se répand comme la gangrène. Lorsqu'il observe la colère de Vador à l'extrême fin du film, avec un sourire en coin, le triomphe est total. Un dialogue caractérise bien le personnage:

- " Au nom de l'Assemblée Galactique du Sénat de la République, vous êtes en état d'arrestation.

- Vous osez me menacer!

- Le Sénat décidera de votre sort.

- C'est moi le Sénat!

- Pas encore.

- L'heure est à la trahison, alors. "

Mace Windu et Palpatine

Mention spéciale à l'acteur aux mimiques ravageuses, notamment pour la scène dans laquelle il explique à Anakin, avec un regard plein d'insinuation, comment braver la mort. Une vraie tête à claques!

On pourrait également évoquer le dantesque combat Obi-Wan/Anakin à la symbolique très sgnificative (le feu, la destruction, la consumation finale du corps du nouveau guerrier Sith). Mais c'est l'amour que le maître porte à son éléve qui se consume, comme les ambitions de ce même élève le conduisant à sa prison mentale.

Film charnière.

On peut dire que le film réussit également sa mission de transition. Il met au clair les éléments et amène de manière crédible la première trilogie. La naissance des jumeaux et le choix de leur destin réalisé à leur place par Yoda et Obi-Wan, la naissance de Dark Vador (très réussie), l'étoile noire, Tatooine, l'exil de Yoda, etc... On passe d'une période lumineuse (la République) à l'obscurantisme (l'Empire). Ce troisième opus justifie l'ordre dans lequel Lucas a raconté son histoire.

Au final, mon opus préféré. Il apporte une conclusion solide et lourde de sens à l'intrigue politique, tout en offrant les séquences attendues et en faisant le pont avec la suite chronologique. Grandiose!

Pour aller plus loin:

http://www.cadrage.net/films/lucas2005.htm

(texte très inspiré qui propose un parallèle intéressant entre Anakin et Faust, anisi qu'une étude du rapport à la machine dans la saga).

 

Les+ :

- Intrigue politique.

- Souffle tragique.

- Énorme de bout en bout.

Les- :

- Pauvre Anakin.

Note:3