Culte du dimanche : The Fountain

Par Fredp @FredMyscreens

Avec la sortie de Black Swan, c’est l’occasion de revenir sur le film sans doute le plus personnel et le plus ambitieux de Darren Aronofsky. Une épopée sur l’acceptation de la mort de l’être aimé : The Fountain.

Après avoir raconté la lutte contre l’addiction dans un Requiem for a Dream choc, Darren Aronofsky s’était mis en tête de réaliser un nouveau film ambitieux sur la quête de l’arbre de vie permettant l’immortalité, la Fontaine de Jouvence. Pour cela il avait réuni un budget confortable et un duo d’acteurs impeccables : Brad Pitt et Cate Blanchett. Tout était prêt mais d’un coup, Brad Pitt quitte le navire pour aller jouer en jupette dans Troie. Il n’en faudra pas plus pour qu’Aronofsky perde le soutien du studio et enterre le projet. Ainsi Brad et Cate se retrouvera plus tard pour Babel et Benjamin Button (on peut d’ailleurs noter avec ce dernier une certaine proximité du sujet : l’amour à travers les âges).

Mais The Fountain est un film qui tient bien trop à cœur à son réalisateur pour le laisser tomber. Conscient qu’il ne pourra pas réaliser un projet de la même ampleur, il fait de son script un graphic novel et négocie un nouveau budget (divisé par 2 par rapport à l’original) pour réaliser un nouveau long-métrage indépendant. Darren Aronofsky revoie alors son scénario, resserre l’intrigue et la rend plus personnelle en embarquant Hugh Jackman et Racheil Weisz dans l’aventure.

Malgré ces mésaventures, The Fountain ne souffrira pas du syndrome du film maudit et est même certainement bien plus passionnant tel quel que si il avait été produit par un grand studio. Ainsi Aronofsky suite 3 intrigues, 3 hommes en quête de l’immortalité pour apporter l’immortalité à la femme qu’ils aiment. L’un à l’époque des conquistadors, un autre scientifique de nos jours et enfin le 3e dans un futur indéterminé. Trois époques, trois états d’esprit qui se rejoignent sur une idée, l’acceptation de la mort de l’être aimé. Un thème fort abordé ici avec tristesse mais avec tout le recul nécessaire pour en saisir le magnifique message d’espoir.

En cela, le scénario et la réalisation de Darren Aronofsky font merveille. Les époques s’imbriquent comme un puzzle pour mieux révéler le message, en mettant en parallèle les trois intrigues indissociables. L’idée de voyage vers la lumière est présente dans chaque scène, chaque plan, nous amenant à une conclusion renversante de beauté et d’émotions vers la beauté ou la mort. Ici, toutes les réponses ne sont pas données sur la l’origine des 3 histoires (se sont-elle déroulées ? sont-elles le fruit de l’imagination d’Izzy ? de Tom ?), laissant au spectateur réfléchir non seulement à la construction aussi complexe que simple de l’intrigue mais aussi au message délivré.

Plus qu’un drame, un film historique ou un film de science-fiction, The Fountain est un film inclassable et pourtant universel, cherchant ses origines dans des rites ancestraux et spirituels pour leur donner une portée actuelle. Interprété par un Hugh Jackman à fleur de peau et une Rachel Weisz mélancoliquement zen, The Fountain montre bien qu’une personne accepte facilement sa mort mais ne supporte pas celle de ses proches.

On parle du message profond de The Fountain mais il faut aussi saluer la forme avec laquelle Darren Aronofsky le véhicule. Ici le travail sur la lumière et les effets spéciaux rend les 3 époques homogènes et les images sont simplement magnifiques. Et ces images sont renforcées par ma musique d’un Clint Mansell particulièrement inspiré pour délivrer des émotions fortes avec un musique plutôt organique, appelant notre esprit pour l’hypnotiser devant le film.

Bref, avec The Fountain, Darren Aronofsky a réalisé l’un des films les plus poétiques, tristes et paradoxalement emprunts d’espoirs de ces dernières années. Un experience personnelle, sensorielle et émotionnelle hors du commun.