Culte du dimanche : Trainspotting

Par Fredp @FredMyscreens

Alors que Danny Boyle sort cette semaine un 127 Heures halluciné et coup de point, retour sur le film qui a lancé sa carrière mais a aussi dynamité le ciné british au milieu des 90’s : Trainspotting.

Après un bon succès d’estime pour son premier film Petits Meurtres entre Amis, Danny Boyle et son scénariste John Hodge s’attaquent à l’adaptation du livre d’Irvine Welsh, Trainspotting. Ici, plus de problèmes de collocation mais une démonstration des dérives des addictions (drogues bien sûr mais aussi la violence) sur la jeunesse anglaise. Trainspotting est le cœur même de la trilogie Bag of Money (débutée avec Petits meutres … et terminée avec Une vie moins ordinaire … bien que Millions puisse également en faire partie) dont le sujet est justement le manque d’argent de jeunes anglais désorientés.

Normal de traiter d’un tel sujet lorsque, dans les années 90, l’Angleterre sort d’une période difficile et voit enfin la jeunesse qu’elle a sacrifié, livrée à elle-même. Dans Trainspotting, le seul refuge des jeunes est donc l’héroïne, seul moyen qui leur permet de vivre, de ressentir quelque chose. Face à une vie d’adulte toute tracée et frustrante ennuyeuse à souhait, ils préfèrent se faire plusieurs fix dans la journée. Mais il ne faut pas croire cependant que le film soit une apologie de la drogue. Au contraire, même si le discours du film n’est pas de la dénoncer pleinement, elle n’est pas saluée et on en voit même clairement les travers. C’est pour justement dédramatiser les ravages créés sur la jeunesse que Danny Boyle utilise l’humour noir et un style décomplexé.

En effet, alors qu’on le compare souvent avec Requiem for a Dream arrivé 5 ans plus tard, le réalisateur ne fait pas de son film un film choc sur les ravages de la drogue. Il ne fait qu’illustrer avec détachement l’autodestruction de la jeunesse anglaise avec un style coup de poing mais sans s’apitoyer sur son sort. Son style, Danny Boyle commence d’ailleurs à le mettre en place dans Trainspotting, avec quelques séquences clipesques et un travail sur le son et le cadre bien foutu et qui vont s’amplifier dans ses films suivants. Ce travail sur le son, c’est aussi l’utilisation d’une bande-originale qui a marqué les spectateurs bousculés entre technos, classique et punk, rock et atmosphérique (Lou Reed, Iggy Pop, Brian Eno, …). A noter également un paquet de références à la culture british comme les Beatles (la mère supérieure) ou Orange Mécanique (le bar).

Présenté hors-compétition lors du festival de Cannes, le film rencontra un grand succès critique mais aussi public. En Angleterre, le film est devenu un véritable phénomène et même le film d’une génération qui s’y est complètement identifié. Le film a même très bien fonctionné aux Etats-Unis avec un peu plus de 16 millions dollars de recettes, ce qui est assez exceptionnels pour les films étrangers chez l’Oncle Sam à l’époque. Mais surtout, au delà du succès et de son aura culte aujourd’hui, Trainspotting a aussi lancé la carrière de toute son équipe, de Danny Boyle (oscarisé 12 ans plus tard pour Slumdog Millionaire) à Ewan McGregor (qui poursuivra avec des petits films européens ou des grosses machines hollywoodiennes, de Star Wars à Ghost Writer, en passant par Moulin Rouge …), sans oublier Robert Carlyle (Full Monty, 28 Semaines plus tard), Jonny Lee Miller (Eli Stone, Dexter saison 5) ou Kelly MacDonald (Boardwalk Empire). Définitivement, Trainspotting a donc bien shooté le cinéma anglais dans les années 90 et du coup, on en reprendrait bien une autre dose.