A la veille des Oscars, et alors que True Grit, le nouveau film des frères Coen sort au cinéma, il était impensable ne pas parler du No Country for Old Men oscarisé de Joel et Ethan ! Retour sur leur film le plus noir.
Après s’être amusés sur deux comédies moyennement appréciées car trop « faciles» (Intolérable Cruauté et Ladykillers), les frères Coen se sont attaqués à un thriller très noir. Chose qu’il n’ont pas fait depuis un petit moment. Il commencent donc à adapter le livre de Cormac McCarthy, No Country for Old Men. L’écrivain reconnu est en général réputé quasiment inadaptable (ce fut le cas pour The Road finalement réussi par John Hillcoat) mais force est de reconnaitre que les deux frangins s’en sortent avec les honneurs. Il réécrivent donc le scénario pour le rapprocher sensiblement de leurs aspiration en en gardant toute la noirceur.
No Country for Old Men raconte donc le destin de 3 hommes. L’un est un simple cow-boy qui se retrouve sur le lieu d’un règlement de comptes et prend l’argent qu’il reste, l’autre est un tueur sans pitié qui part à sa recherche et le troisième est le shérif vieillissant du coup qui voit son monde partir comme poussière au vent. S’en suit une poursuite effrénée dans un torrent de violence âpre, autant physique que psychologique dans un Texas crépusculaire.
Si les frères Coen nous avaient habitués à leurs comédies décalées, à leurs personnages caractéristiques et la qualité de leur mise en scène, rien de ce que nous avons vu chez eux ne pouvais préfigurer à la noirceur extrême qui remplit ce No Country for Old Men. Mêmes les habitués de leur cinéma seront perdus puisque pour la première fois, aucun membre du casting principal (Javier Bardem, Tommy Lee Jones, Josh Brolin, Kelly MacDonald) n’avait précédemment travaillé avec les Coen. Pour trouver un repère nous menant à ce film, il faut remonter au premier film du duo, Blood Simple, et à l’intrigue de Fargo.
Les frangins en ont remplacé le froid et la neige par la poussière et la sueur du désert en installant une tension palpable dans le moindre plan. Avec ce No Country for Old Men, Joel et Ethan Coen font donc preuve d’une mise en scène au cordeau qui rend justice au roman d’origine et tend même par moment à le surpasser. Mais ils n’en oublient pas pour autant l’humour. Même si l’atmosphère est pesante, les réalisateurs nous servent à froid un humour très noir qui ne prévient pas, révélant toute l’absurdité de ce torrent de violence et de ce monde qui change.
De son côté, le casting inédit s’embarque efficacement dans cette atmosphère. On notera particulièrement l’incroyable performance de Javier Bardem en tueur implacable, insensible, à la froideur magnétique qui nous empêchera à tout jamais de nous moquer de la coupe de cheveux de Mireille Matthieu. De son côté Tommy Lee Jones nous fait bien ressentir tout le désespoir d’un homme de son experience face au nouveau monde violent qui arrive et contre lequel il ne pourra rien faire (d’où le titre de l’œuvre). Seul Josh Brolin parait plus lisse mais c’est son rôle de héros qui le veut et il s’y montre parfait, relançant par là sa carrière (on ne l’avait pas vu depuis les Goonies quand même !).
Avec une telle réussite, No Country for Old Men devient l’un des plus gros succès au box-office des frères Coen, mais il déchaine surtout un torrent de critiques dithyrambiques. Ainsi, en plus d’être sélectionné en compétition au 60e Festival de Cannes, les frères Coen récolent un Golden Globe du meilleur scénario mais surtout décrochent enfin 3 récompenses suprêmes du cinéma américain : oscar du meilleur scénario, meilleurs réalisateurs et évidemment meilleur film. Sans oublier le golden globe et l’oscar du meilleur second rôle remporté par Javier Bardem pour son interprétation qui fait froid dans le dos !
Après cette réussite totale, pas étonnant que leur nouveau western, l’adaptation de True Grit, plus grand public, ai été attendue de pied ferme avec le succès qu’on lui connait aujourd’hui.