Culte du dimanche : American Psycho

Par Fredp @FredMyscreens


Christian Bale, acteur transformiste, fait une nouvelle fois preuve d’implication physique dans la composition de son rôle. Cette semaine est sorti The Fighter. Mais, c’est dans American Psycho qu’il en mettait plein la vue dans un thriller mêlant horreur et satire sociale comique.

Acteur classique pour ce qui est de son investissement dans ses rôles, le gallois Christian Bale s’est fait connaître tout jeune au cinéma pour son personnage dans L’Empire du soleil de Steven Spielberg. Il a ensuite été dans de nombreuses réalisations anglo-saxonnes mais n’avait jamais encore percé dans un « gros film ». Et c’est l’adaptation du sulfureux American Psycho du non-moins sulfureux romancier américain Bret Easton Ellis qui va l’établir comme un acteur hollywoodien de caractère et incontournable au cinéma.

Le livre de Bret Easton Ellis est un roman dur, mettant en scène un trader cynique, malfaisant, misanthrope et complètement vide d’émotions. Profondément névrosé et obsédé par les apparences, Patrick Bateman, le « héros » narcissique, cherche désespérément à se faire une place parmi ses semblables du monde de la finance New Yorkaise à la fin des années 80, tout aussi obsédés par l’argent, les costumes de grand couturier et les représentations de soi sous toutes ses formes. Mais voilà, Patrick Bateman est en plus de ça, légèrement serial killer et misogyne ! Le roman paru au début des années 90 a immédiatement frappé les esprits et laissez personne, critique et public, indifférent et ses interprétations multiples.

Si le choix d’une réalisatrice et d’une scénariste pas très connues (Mary Harron & Guinevere Turner) pour adapter un tel chef d’œuvre pouvait laisser pantois au départ, la réalisation et les différents acteurs participant au film subliment à la fois le livre et le long-métrage. Difficile de porter à l’écran une histoire attaquée de tous bords à sa sortie et au contenu horrible. Pourtant, le résultat final est là : générique et ambiance musicale hitchcockienne angoissante, références aux classiques de l’horreur (Massacre à la tronçonneuse, Hitchcock, …), plans resserrés sur les visages, ville de New York vertigineuse et oppressante, orchestrations de musiques classiques savamment dosées… Tous ces éléments permettent réellement d’établir ce film de l’année 2000 au-delà de la simple adaptation d’un roman, mais de le positionner comme un film culte, dans la continuité du grand cinéma de thriller.

Mais c’est l’incarnation de Christian Bale en Patrick Bateman qui porte le film et son ambiance. Embrassant d’emblée le narcissisme auto-parodique du personnage et ses névroses ridicules, l’acteur donne corps (en arborant une musculature optimale, travaillée en préparation du film) à toute la dualité du psychotique Patrick Bateman. Les acteurs Reese Witherspoon, Willem Dafoe, Chloë Sevigny, Jared Leto et Justin Theroux, donnent à leurs seconds rôles toute la dimension de la folie ridicule de cette société nantie aux considérations au-delà du commun des mortels.

Car si le roman American Psycho à plusieurs axes de lecture, le film en a lui aussi, mais c’est celui de la satire sociale et la mise en avant de personnages riches et déconnectés de la réalité qui est privilégié. Pourtant, la profondeur de l’interprétation de Christian Bale fait ressortir toute la noirceur psychologique et la vacuité d’âme de son personnage, dérangé et extrême mais pourtant si révélateur d’une société poussant les individualismes de chacun et encourageant au consumérisme effréné pour tenter d’exister.

Car au-delà de l’horreur des scènes de crimes, des tortures sexuelles, du comportement frénétique et des obsessions de Patrick Bateman, l’idée d’American Psycho est plus de personnifier l’arrogance de tout un système capitaliste. Bret Easton Ellis révéla plus tard qu’il souhaitait parodier l’univers de son père, exerçant dans l’immobilier et pour Christian Bale, incarner Patrick Bateman était un défi amusant et le regard qu’il porte sur sa performance ironique est plutôt celui d’une caricature pathétique.

Tous les trésors de la mise en scène, la suggestion des horreurs, l’issue du film plutôt sujette à interprétations et bien sûr la performance époustouflante de Christian Bale ont fait d’American Psycho un film culte et de ce dernier un acteur charismatique et de taille dans le cinéma Hollywoodien.