Créée par Mitchell Hurwitz en 2003, Arrested Development est une sitcom qui a été diffusée pendant trois saisons sur la FOX. Les téléspectateurs français ont pu suivre ses cinquante-trois épisodes sur TPS Star, Comédie! ou encore Virgin 17.
Le journal anglais The Guardian a publié le mois dernier un petit « guide » dans lequel le showrunner explique comment faire annuler sa sitcom en onze leçons…
Arrested Development met en scène un veuf qui doit gérer à la fois l’éducation de son fils adolescent et les mésaventures judiciaires de son père, un patriarche qui a une notion très particulière de la comptabilité et dont l’arrestation plonge tout le clan dans le marasme financier.
Cette sitcom a été diffusée aux USA entre 2003 et 2006, puis worldwide. Elle l’est actuellement en Angleterre, ce qui donne l’occasion à son créateur et showrunner, le scénariste et producteur Mitchell Hurwitz, d’exprimer par voix de presse une certaine amertume, même s’il le fait avec beaucoup d’humour. Et force est de reconnaitre, c’est tout à son honneur, qu’il y pratique une saine autocritique…
Voici en substance, son guide intitulé Comment faire annuler sa sitcom:
1. « Choisir un titre qui prête à confusion », avec, de préférence, une forte connotation psychologique afin que ce titre soit « instantanément oubliable ».
2. Oublier que « le public aime les bolides », c’est à dire une bonne dose d’énergie et de « sex appeal ».
3. Essayer de mettre « trop d’intrigues pour un programme de 20 minutes », c’est à dire coller huit sous-intrigues au lieu de deux et faire en sorte, c’est aussi impératif qu’anxiogène pour l’auteur, qu’elles s’entrelacent. C’est à ce prix que l’on s’assure que personne n’aura l’envie ou le courage de regarder le show.
4. « Ajouter un soupçon d’inceste », car c’est bien connu, le public aime romance et sexe sous toutes leurs formes, sauf ce qui touche à l’inceste.
5. Considérant que « les premières impressions sont tout ce qui compte », il est capital de « foirer » dès ce stade. Et l’auteur d’expliquer qu’avec Arrested Development, les auteurs souhaitaient montrer « le profond mépris au cœur d’une famille, tendant au passage un miroir à la société américaine » et que, comme il fallait s’y attendre, l’Amérique a « détourné le regard ».
6. Ne pas craindre de « donner le même nom à plusieurs personnages » car le public adore la confusion. A titre d’exemple, la sitcom comprenait à la fois un personnage nommé George Michael, un autre nommé Michael, un personnage nommé George et un autre, George Oscar!
7. Faire « des blagues faciles au sujet des minorités », que ce soient « Mexicains, Juifs ou homosexuels », n’importe quel groupe peut être représenté à l’aide de bons vieux stéréotypes bien gras.
8. Forcer le trait avec « des guest stars iconiques », Liza Minnelli qui est très appréciée de la communauté homosexuelle par exemple. Et l’auteur de bien insister sur l’importance de s’aliéner cette communauté en premier lieu.
9. Ne pas « s’embêter avec des rires enregistrés », puisque le public saura toujours, de lui-même, « à quel moment rire ».
10. Puisque « le public aime les personnages bien habillés, et quelques soupçons de nudité », satisfaire ces deux tendances en rendant ses personnages les moins sexys possible, quitte à les « balancer dans une cuve de peinture bleue ».
11. Écrire la série « en fonction de la sensibilité britannique », mais la diffuser en Amérique.
Oups, ça fait mal, non? Je n’ai jamais vu cette sitcom et je serais très intéressée par vos commentaires sur ce « guide », surtout si vous avez déjà regardé Arrested Development!
Il faut en tout cas une sacrée humilité pour reconnaitre publiquement ses erreurs, chapeau bas monsieur Hurwitz!
Copyright©Nathalie Lenoir 2011