Imaginez un Massacre à la Tronçonneuse situé dans le froid islandais. Vous obtenez alors le sanglant, incohérent mais pas si gratuit Harpoon.
Reykjavik Whale Watching Massacre, tel est le titre original de ce qui a été renommé pour plus de simplicité Harpoon. Il n’y a qu’à traduire le titre pour voir à qui il rend hommage, le fameux Texas Chainsaw Massacre évidemment. D’ailleurs, l’acteur jouant le Leatherface orignal (Gunnar Hansen), fait partie de la distribution. Et la comparaison ne s’arrête pas là puisque comme, comme dans l’original, cette déviance venue d’Islande voit des touristes se faire embarquer sur un baleinier et tuer à tour de rôle par une famille de dégénérés qui a perdu son boulot après une loi interdisant la pêche à la baleine (que l’on peut donc comparer à la fermeture de l’abattoir Texan).
Si le film prend le temps de s’installer en nous présentant la troupe de touristes venus de tous horizons (des Japonais et un Français très lourd font partie du voyage), à partir du moment où tout dérape, c’est parti, le rythme prend et les morts se suivent à un rythme assez soutenu pour avoir toute notre attention. De ce côté, nous serons servis par l’originalité des meurtres. Entre décapitations, harponnage, combustion au 3e degré, il y en a pour tous les gouts. Mais ces meurtres n’ont finalement que peu d’impact vu le peu d’attachement que l’on a vis-à-vis des victimes et le scénario partant vite en sucette avec des nombre d’absurdités que nous ne nous donnerons pas la peine de relever ici. Malgré ces défauts rendant le film grandement oubliable, le réalisateur Julius Kemp, arrive à mettre en place une ambiance malsaine et poisseuse à souhait tout assumant complètement le second degré des massacres appuyés à grand renfort de giclées de sang.
Mais, tout comme Massacre à la Tronçonneuse, le film n’est pas non plus sans but. Surfant sur l’actualité politique qui a engendré une grande crise économique en Islande, le réalisateur montre à travers Harpoon une dérive de l’Islande. Non pas en supposant que tous les habitants de l’île soient devenus des psychopathes, loin de là (heureusement même), mais en illustrant (et en grossissant très fortement le trait) un peuple qui doit chercher un nouveau métier pour survivre, un nouveau but. Le réalisateur fait bien passer le message d’une Islande abandonnée à elle-même, complètement ignorée par la communauté internationale, qu’il désamorce ici dans un bain de sang rempli d’humour noir.
Et si au final, le film est bourré de défauts, jusque dans un final complètement ridicule, cela ne nous empêche pas d’être attentifs à ce film qui, sans prétention, nous fait passer un « agréable» moment d’horreur.
Le film est maintenant disponible en Blu-ray et dvd avec Bac Films. Parmi les bonus : la bande-annonce et un making-of de 15 minutes largement dispensable (3 phrases de Gunnar Hansen vantant le film avec des images des coulisses sans intérêt).
Merci à Cinetrafic pour le dvd.