Sortie ciné : L’Assaut de Julien Leclercq

l assaut critique

Plus de 15 ans après l’effroyable prise d’otage du vol A300, le réalisateur de Chrysalis porte l’événement sur grand écran. Mais L’Assaut est plus une démonstration du savoir-faire et du courage du GIGN qu’un film politique sur la menace terroriste.

l assaut afficheLe Samedi 24 décembre 1994, quatre terroristes du GIA prenaient en otage le vol Air France A-300 Alger-Paris. Un événement choc qui a secoué toute la France à la veille de Noël. Aujourd’hui voilà que Julien Leclercq en fait un film. Mais le parcours pour arriver là n’a pas été de tout repos pour lui et ses comédiens qui ont passé un maximum de temps avec les équipes du GIGN pour coller au plus près de la réalité. Et cette préparation se ressent pleinement tout le long du film. Impossible de ne pas admirer ces héros méconnus et reconnaître leur travail et leur courage hors du commun.

Mais cette préparation qui donne tout son réalisme au film est aussi l’un de ses défauts qui peuvent empêcher d’adhérer car, trop impliqué, le réalisateur manque alors de recul par rapport à son sujet.

l'assaut vincent elbaz

Comme si il était surpassé par l’hommage qu’il cherche à rendre dans le plus grand respect à ces hommes et aux victimes de cet événement. Cette prise de position l’empêche du coup d’être critique. Non pas envers le boulot qui a été remarquablement fait par le GIGN mais par la gestion de l’affaire dans son ensemble. En effet, le film se base énormément sur l’attente de l’assaut que l’on sait arriver mais toute la gestion de la crise est abordée avec superficialité, ne cherchant que très peu de failles du côté de la diplomatie gouvernementale et le rendant finalement très lisse alors que le sujet se prêtait vraiment à une réflexion sur le pouvoir de négociation face aux terroristes, surtout avec un délai suffisamment long pour prendre du recul.

Julien Leclercq n’a pas la rage de Paul Greengrass et a trop de respect pour mettre un coup de pied dans la fourmilière. l'assaut terroristeEt si il mène bien son récit en faisait monter petit à petit monter la pression, il ne convaint malheureusement qu’à moitié à cause d’un manque de profondeur dans les relations entre les personnages mais aussi à de mauvais choix de placement de caméra lors du final. En effet, une fois arrivé à l’assaut final du titre, la pression est à son paroxysme mais le spectateur est perdu dans l’action. On sent que l’étroitesse des couleurs de l’airbus et du cockpit ont empêché le réalisateur de manœuvrer pour livrer une scène d’action fluide. Du coup, les angles choisis nous empêchent de saisir ce que font les personnages, la direction des tirs, les personnes visées, les hommes à terre … La confusion règne (comme si nous étions vraiment dans l’assaut et c’est peut-être justement un parti-pris du réalisateur mais celui-ci est alors peu lisible).

Comme dit plus haut, le réalisateur n’arrive pas vraiment à faire en sorte que le spectateur s’attache aux personnages. l'assautCela peut être dû à la froideur du jeu des acteurs (Vincent Elbaz entraîné avec un grand sens du sacrifice, mais impassible) mais aussi à la froideur des images. Comme dans son précédent Chrysalis, Julien Leclercq abuse largement des filtres gris, sombres et froids, retirant de fait toute émotion. Alors la détresse de la femme du héros passe à la trappe bien que le réalisateur essaie tant bien que mal d’attirer les larmes, vainement.

Finalement, l’Assaut n’en est pas pour autant un mauvais film et nous fait bien comprendre le courage des hommes du GIGN. Mais il manque de recul dans le propos et d’efficacité dans la forme comparé au Vol 93 de Paul Greengrass, référence immanquable du genre. En tout cas, le film devrait faire parler de lui.