Difficile de faire mieux que l’Exorciste de William Friedkin, ça c’est dit. Mais faire pire et tenter de s’approcher du classique, c’est facile quand on en fait une copie conforme. A quelques détails musulmans près : Seytan, est l’Exorciste version turque. Version nanar évidemment.
Nous l‘avons déjà dit cette semaine, lorsqu’on traite de l’exorcisme au cinéma, il est périlleux de vouloir se démarquer du malfaisant et angoissant Exorciste d’origine, celui de 1973 qui a su si bien établir le mythe. En visionnant le cabotinage d’Anthony Hopkins parodiant Hannibal Lecter dans Le Rite, on pouvait vraiment se dire que le meilleur avait été fait et que les belles années étaient derrières nous. Ca n’était pas si bien dire avec ce Seytan (le « diable ») sorti en 1974 et s’établissant comme la version turque de l’Exorciste. Rien que ça !
Tout y est repris : histoire, récurrence du thème musicale, étapes de la possession de la jeune fille, mise en scène (si on peut dire), décors,… Les ingrédients sont les mêmes et on ne peut d’ailleurs que souligner le travail de mimétisme qui a été accompli pour tenter de redonner vie au film des studios américains.
Sauf qu’ici s’ajoute une « touch » beaucoup plus orientale, religieusement et moralement différente et avec un maniement de la caméra donnant un résultant plus hilarant que terrorisant. Alors certes, les nombreux effets de gros plans comme si on regardait à travers une longue vue peuvent donner la nausée, le reste de la mise en scène vous surprendra agréablement. Kitsch au possible, ce Seytan est redoutable : les looks improbables des acteurs méritent à eux seuls de regarder le film. Le soin minutieux apporté pour ressembler absolument au film d’origine est admirable.
A ceci près que quelques ajouts vous feront hurler de rire face à ce théâtre grotesque : la fille possédée a une tête ébouriffée de déjantée (Punky Brewster sous LSD), sa maman, blonde et sexy, ressemble plus à une mannequin dépassée par les événements qu’une mère courage tentant de protéger sa progéniture par tous les moyens, flashback familiaux complètement inopinée et n’apportant rien à l’histoire… les éléments rapportés sont ceux qui donnent tout son piment à cette interprétation.
N’empêche que les réactions consternées des personnages aux baffes qui se prennent, les enchaînements pas toujours logiques des plans de caméra, les bruitages et autres beuglements issus de l’enfer sensés vous terrifier, la constance et la sobriété du jeu des acteurs sont autant de sources de rires. Bon après, si vous êtes toujours pas insensible à cela, attendez de voir les effets spéciaux, les matelas qui bougent tout seul, les cascades chorégraphiés à la miette près, le maquillage de l’état aggravé de la jeune possédée par le démon (oui enfin le diable),…
Bref, le film est devenu culte dans le monde. Comme pour les Draculas et autres Zombies, l’exorciste est une œuvre qui a été allégrement pillé et vécus à travers différentes cultures et visions de réalisateurs azimutés, pour le plaisir des yeux.