Vous attendiez de chaleureuses demoiselles qui tranchent du zombie nazi à coups de sabres ? Vous allez être servis avec jeu vidéo théâtral de Zack Snyder : Sucker Punch !
Zack Snyder ouvre le rideau et nous voila devant son théâtre de marionnettes. C’est lui qui tire les ficelles. Pour la première fois, le réalisateur qui a porté à l’écran l’excellent remake de l’Armée des Morts, et les cases de 300 et Watchmen, écrit sa propre histoire. Un récit déjanté dans lequel il va reprendre toutes ses influences pop, pulp et geek pour nous les jeter à la figure comme une énorme démonstration de son savoir-faire.
Dès l’introduction, le réalisateur nous en met plein les yeux et assume tout de suite son style poseur ultra-léché. Sans dialogues et sur une sombre reprise de Sweet Dreams, nous découvrons celle que nous appellerons Babydoll, martyrisée par son beau-père qui va l’emmener dans un hôpital psychiatrique. Fidèle à lui-même, avec toute la lourdeur qu’on peut lui trouver, le réalisateur nous immerge d’emblée dans son univers à coup de gros plans et de ralentis. Il l’a bien comprit, parfois, les images parlent bien plus que des mots. Et, tel le générique de Watchmen (l’un des plus beaux de ces dernières années), cette séquence d’ouverture nous donne tout le background que d’autres réalisateurs auraient mit 30 minutes à nous expliquer. Une fois entrée dans l’hôpital, pour échapper à la réalité sordide de cet environnement, Babydoll l’imagine en bordel tenu d’une main de fer par Blue. Mais la demoiselle promise à la lobotomie va tenter par tous les moyens de s’échapper et pour cela, elle va monter un plan, entrainant d’autres patientes dans son délire.
Racontée comme cela, l’histoire peut paraitre compliquée, mais rassurez-vous, il n’en est rien. En effet, celle-ci ne sert que de fil conducteur, de transition aux délires les plus fous de Zack Snyder. Le récit n’est pas le point fort du réalisateur (c’est ici très simple avec des dialogues et une morale assez pauvres), mais force est de reconnaitre qu’il ne manque pas de personnalité dès qu’il s’agit de mettre les images en mouvement. Ainsi, tout ce qui tourne autour de l’asile transformé en maison close sera largement survolé pour faire place à ce que nous attendions : des séquences d’action démentielles. Et celles-ci sont bien là. De Babydoll affrontant 3 samouraïs géants au groupe de filles combattant des dragons et des orcs façon Seigneur des Anneaux, côté spectacle, nous en aurons pour notre argent. La mise en scène hyper stylisée de Snyder, appuyée par une BO audacieuse, trouve ici toute sa justification, rendant grâce à ses héroïne tout en exposant des scènes d’action parfaitement lisibles. Ces séquences se comptent au nombre de 4, chacune avec leur personnalité et leurs spécificités de mise en scène. Ainsi, la partie « nazis» adopte un style caméra au plus proche de l’action, sans trop de ralentis alors que la partie à bord du train en fait des tonnes dans le high-tech avec un plan séquence infernal, à la limite du supportable, que n’aurait pas renié le Paul WS Anderson des Resident Evil mais réalisé ici avec un véritable savoir-faire, une démonstration gratuite mais ô combien jouissive.
Avec ces différents tableaux et une histoire n’étant là que pour les lier, on a finalement l’impression de se retrouver devant un énorme jeu vidéo ou chaque aventure est un niveau de franchi avec son but expliqué au préalable et son boss final à affronter. A côté, le reste du film parait du coup assez fade parce qu’inexploré ou assez cliché. Ainsi, le réalisateur nous présente les fille dans une maison close bien loin de transpirer le sexe. Les filles y sont innoncentes et les hommes violents et vulgaires. Le seul atout atout masculin du casting, Jon Hamm, y est même complètement sous-exploité et le principe de la danse sexy de Babydoll n’y est pas démontré puisque dès qu’elle commence à bouger les hanches, nous tombons dans son rêve. Mais nous reconnaitrons toutefois à Snyder de nous avoir fait découvrir d’autres facettes de ses actrices. D’Emily Browning, poupée fragile en apparence mais avec une force intérieure immense, à Abbie Cornish (Bright Star), en grande sœur protectrice en passant par la méconnaissable Vanessa Hudgens de High School Musical.
Mais au delà d’une telle débauche d’effets et de références geeks, Sucker Punch pourrait bien être le signe que, sous l’action movie débridé et malgré ce qu’en disent ses nombreux détracteurs, Zack Snyder est un auteur avec une volonté de porter à l’écran tout son univers, aussi barjo soit-il. Avec une véritable histoire et son style, il serait bien capable de nous offrir un jour un grand film. Reste à savoir si ce sera son Superman.