L’Agence, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Matt Damon ne contrôle plus son destin. C’est l’Agence qui le fait pour lui. A mille lieues de l’esprit K. Dick, Nolfi nous propose un film agréable mais bien trop romancé pour marquer les esprits.

Philip K. Dick est à la fois l’un des auteurs les plus excitant et les plus terrifiants à voir adaptés sur grand écran. Parfois, cela donne des films cultes qui sont arrivés à retranscrire parfaitement l’état d’esprit de l’auteur tout en gardant l’identité de leur réalisateur (Blade Runner, Minority Report, A Scanner Darkly). D’autres fois, ils sont confiés à des réalisateurs de films d’action ignorant toute la protée philosophique du maître de la science-fiction (Next, Paycheck). Pour l’Agence, il s’agit en fait d’une toute autre problématique.

Le scénariste et réalisateur George Nolfi y adapte la nouvelle the Adjustement Team dans laquelle un homme va comprendre que le destin de chacun est dirigé selon un plan appliqué par des hommes de l’ombre et que rien n’est vraiment dû au hasard. Mais plutôt que d’appliquer l’esprit paranoïaque de K Dick pour en faire un thriller de haute volée, il va transformer ce récit en romance matinée d’action. Forcément, en en retirant ainsi toute substance profonde et réflexion philosophique sur notre destinée, L’Agence devient alors un film d’une légèreté confondante ou tout devient aussi prévisible que les chemins decrits sur le plan.

C’est dommage car nous aurions pu avoir une histoire tragique et un thriller efficace (Nolfi a tout de même été scénariste sur le 3e volet de Jason Bourne) mais ici, ce sera une poursuite aux accents du final de Monstres & Cie qui nous attendra. D’autant plus que la révélation du contrôle de notre destin par de mystérieux hommes arrive bien trop rapidement pour en faire une vraie menace (nous avons bien le temps de comprendre leur fonctionnement). Même le couple attachant formé par Matt Damon et Emily Blunt n’atteint jamais son potentiel pétillant et émotionnel. Pour une fois les deux acteurs ne sont pas au niveau auquel nous avons été habitués et il est bien dommage qu’ils n’assurent ici que le strict minimum.

Au final, si l’Agence est tout de même plaisant à regarder et reste plus intelligent que certaines adaptations ratées de K Dick, il ne restera qu’anecdotique. Il est bien dommage que Nolfi n’ai pas saisi ce qu’il avait entre les mains (l’histoire de base et le casting) car il aurait pu en faire un bon film au lieu d’une bluette vaguement fantastique.