Le Dernier Présage

Par Fredp @FredMyscreens

Jimmy Starks apprend qu’il ne lui reste pas longtemps à vivre, et il ne sait pas ce qui va causer sa perte ? Sauriez-vous le découvrir à temps et est-ce qu’il peut effectivement conjurer le mauvais sort ?

Un vendeur de carrelage assez sûr de lui et rigolard pète un plomb le jour où il rencontre un voyant qui ne lui prédit pas un avenir radieux. Il repense complètement sa vie et en vient à se sentir persécuté par un vieux pote qui sort tout justement de taule et avec qui il a des comptes à rendre. Jimmy Starts guette donc les premières neiges signifiant sa fin.

C’est donc l’idée assez ordinaire de ce Dernier Présage qui se révèle, grâce à son acteur principal plutôt inspiré, un croisement entre thriller et polar psychologique assez poignant. Sorti en 2006, Le Dernier Présage (en anglais First Snow ??? oui les français ont préféré un titre plus terre à terre, moins poétique, mais qui donne un indice sur la teneur dramatique du long-métrage par peur de n’intéresser vraiment personne) nous parvient enfin en DVD en ce début de mois. Passé plutôt inaperçu dans notre contrée, le film écrit et réalisé par Mark Fergus est une œuvre tranquille et simple sur un personnage moribond.

Car oui, forcément, le vrp un peu ringard (cheveux tombant au niveau de la nuque et lunettes pas chères) qui a toujours brûlé la chandelle par les deux bouts, fumant et picolant comme un véritable poivrot, gouailleur, moqueur et plutôt lâche va devoir rapidement reprendre ses esprits pour survivre. Enfin, après un bref épisode de doute, ce personnage d’abord détestable va devenir attachant à mesure qu’il essaye de régler ses divers affaires en cours, traînantes et pas toujours très clean. Mais c’est un bon gars, enfin il progresse.

Ebranlé par la nouvelle pas très rassurante qui remet en cause tous ses projets d’avenir, Jimmy part dans un délire psychotique névrosé et ne perd plus trop de temps à rigoler et à se foutre de la gueule du monde. Juste retour de bâton pour un personnage sans trop de scrupules qui gagnait alors sa vie en embobinant les gens ? Ca, on n’aura pas trop l’occasion de l’apprendre étant donné que les nouveaux états d’âme de Jimmy se bousculent : entre une femme qu’il néglige, un régime clopes+alcool pas très sain, un téléphone en dérangement qui ne cesse d’appeler sans voix a bout du fil, un vieux pote floué qui sort tout juste de prison, une santé vacillante,… Jimmy a plutôt des soucis à se faire.

Tagué comme thriller, il faut plus lorgné vers la catégorie drame mélancolique sur les sujets du destin, de la mort et de la résignation de l’homme face à ses actes et sa fin, thèmes forts déprimant que ne renierait pas le cinéma français en général, pour apprécier ce Dernier Présage. Le scénario progresse à une cadence légère, laissant bien tous les aspects du personnage principal prendre formes. C’est donc ce flottement lent qui porte le film et le rend intéressant malgré des préoccupations déjà vues et revues. Mais ici, pour un film américain, on veut bien s’asseoir 1H50 et voir ce personnage se racheter, voir comment il va s’en tirer.

Surfant sur la prise de tête classique qu’est « peut-on échapper à son destin ou sommes nous condamner ? », le héros du film va logiquement tenter de détourner ce train pour l’enfer mais chose étonnante, il va se précipiter à sa perte en tentant désespérément d’identifier d’où viendra la tragédie. Mais à part ça, avec le recul, c’est un thriller bien pauvre qui ne vaut que pour le retournement de situation que nous offre Guy Pearce, qui mérite amplement sa place dans le panthéon des très bons acteurs britanniques de sa génération. Il livre ici une performance à situer entre le comique pathétique à la Jim Carrey, la froideur introvertie de Kevin Bacon et un physique de Mark Whalberg décharné.

Le Dernier Présage vaut pour le cheminement métaphysique de son personnage principal, qui quelque part, renferme les crises existentielles de chaque être humain. Contrairement à la pochette du Dvd, ne cherchez pas d’histoire de règlement de compte ou de meurtre dans tout le film. Le parti-pris du film est de montrer l’angoisse grandissante de son personnage, point de flingudade ce qui est plutôt reposant pour une fois. Le Dernier Présage aurait toutefois mérité un public plus élargi car il reste une production plutôt bien faite.

Les petits plus du Dvd, interview et petit docu vous plongerons dans l’ambiance western perdu de l’état du Nouveau Mexique. Aventurez-vous.

Merci à  Cinetrafic pour le film et si jamais vous voulez en apprendre plus sur votre avenir euh sur les prémonitions, cliquez ici