Semaine spéciale Scream avec la sortie du denier épisode des massacres de Woodsboro par le tueur au masque de fantôme. Si le maître de l’horreur Wes Craven aime à manier les codes du genre qu’il a contribué à instaurer, il peut aussi se louper comme avec ce My Soul To Take.
My Soul To Take est une création du réalisateur et scénariste Wes Craven qui est sorti à l’octobre 2010 aux Etats-Unis mais qui tarde à arriver chez nous. D’ailleurs, paraîtra-t-il un jour sur nos écrans ? Nul ne le sait car ça fait quand même quelque temps qu’on l’attend. Au regard de cette nouvelle tentative du réalisateur, géniteur de plusieurs contributions cultes au panthéon des films d’horreur (Freddy, la dernière maison sur la gauche, Scream), on peut se demander ce qui lui permet de ne pas mourir, à Hollywood. Avec un Scream 4 très auto-parodique, empruntant autant à Scream 1 qu’à Scary Movie, revenons quand même sur cette erreur de parcours qu’est My Soul To Take.
Pourtant, ce dernier long-métrage avait tout pour plaire (comme toujours !). Une histoire de tueur sanguinaire sans foi ni loi, increvable, qui revient hanter la génération suivant celle qui l’a éliminé (oui déjà ça doit vous rappeler quelque chose). Dans la petite ville de Riverton, une nuit, un père de famille un peu perturbé se met à avoir des visions d’un autre lui-même. Il a des perceptions déformées de son monde où il est tour à tour un personnage diabolique et un être normal. Assassinant sa femme et se débarrassant de quelques ambulanciers gênants ainsi que des policiers venus le déranger (et flinguant au passage son psychiatre incarné par Wes Craven), il va être finalement arrêté après s’être pris plusieurs balles, sensées être fatales et après une folle course-poursuite.
Après une impressionnante longue scène d’introduction du serial killer schizophrène, l’action se tranquillise et on échoue sur un lycée de campagne quelques années plus tard où les jeunes esprits s’apprêtent à célébrer ce tueur (eh oui quand il y a un massacre quelque part, c’est normal de faire la fête sur les lieux à chaque date anniversaire, encore cette idée d’accession à la popularité médiatique en massacrant des gens ! !). Pour les jeunes, c’est un événement car 7 d’entre eux sont nés 15 ans auparavant dans la nuit où le fameux tueur a été stoppé dans son escalade de violence. Et à partir de cette soirée, les nés du même jour vont se faire charcuter l’un après l’autre. Le tueur est-il réincarné ou quelqu’un le copie t’il ?
L’histoire est intéressante, plutôt originale car elle va se concentrer sur les liens du sang et la génération innocente, en rien responsable dans ce passé plutôt mouvementé. Les jeunes lycéens vont devoir porter ce fardeau d’être nés dans la nuit ou un psychopathe est mort. Enfin, si tout était aussi simple : tout le monde attend et craint son retour de quelques sortes. Chacune des personnalités se révélant capable de sentiments diaboliques, renfermant peut-être la personnalité dérangée du slasher de Riverton. Les regards se poseront sur tous pour tenter de comprendre déjà d’une ce qui se passe, et de deux, qui peut bien être en train de tuer ces jeunes.
Malheureusement, l’action se portant sur des adolescents, le film prend des allures de teen-movie où les hormones de chacun et les soucis de pression du groupe deviennent les véritables enjeux. Les policiers tentant de mener l’enquête deviennent presque anecdotiques dans ce brassage pré pubère d’un violence déchaînée rare. Pire encore, les attaques du tueur sont dignes du cinéma fantastique le plus bestial et on ne comprend pas la véritable signification de ceux-ci. Mais ce qui l’emporte, c’est malgré son côté moderne, toutes les reprises de références aux Scream, Freddy et autres slasher qui décrédibilisent autant My Soul To Take que le parti-pris American Pie de l’histoire. Les jeunes se font charcuter n’importe comment, les cadavres sont mis en scène et ce qui devient le personnage principal effraie par ses pertes de mémoires et accès psychotiques de gamin paumé. Et comme dans tous « Who did it ? » on souhaite vraiment en savoir plus…et on est très déçu quand le vilain est révélé, car trop tard, on s’en fout déjà !!
La question qu’on peut se poser avec ce nanar c’est : est-ce que Wes recycle ses ingrédients du succès car il les adore et veut sublimer ses films pour son plaisir et celui des fans qui peuvent s’y abreuver en référence (permettant également de faire le lien entre les générations et les différentes décennies du cinéma d’horreur qu’il a traversé), ou bien a-t-il vraiment rien d’autre à raconter ? Car on ne comprend pas comment un tel réalisateur qui a créé des monuments peut ainsi s’auto parodier de la sorte et ressortir la même soupe à chaque fois ! Quitte à reprendre des scènes dont le rythme, l’ambiance et la scénarisation sont les mêmes ! Gare à l’overdose de références, car ça ne constitue en rien un film.