Culte du dimanche : Scream

Par Fredp @FredMyscreens

Alors que Ghostface s’apprête à retrouver les écrans, revenons sur le premier volet de Scream qui, mine de rien, signait bien le retour du slasher au milieu des 90’s.

Grosse surprise en 1996 lorsque sort sur les écrans Scream. Un succès inattendu, surtout pour le genre du slasher qui était cantonné aux vidéo-clubs depuis un bout de temps. Ce retour, on le doit à Wes Craven et au scénariste Kevin Williamson.
Alors, oui, dès le départ, Wes Craven n’est pas forcément l’homme qui va révolutionner le film d’horreur et, si il a un nombre assez impressionnant de films particulièrement mauvais à son actif, on ne peut pas nier qu’il ai mit en place quelques concepts qui ont marqué le film d’horreur/survival américain dans les années 80 et qui ont été plus ou moins bien remakés (La Dernière maison sur la gauche, la Colline a des Yeux, Freddy). Avec, il va donc en quelque sorte faire sa propre auto-critique mais également la critique du genre en lui-même.

Le film commence fort avec le meurtre de la jeune Casey Baker après un jeu téléphonique mortel. La tension est là, le réalisateur de Freddy nous donne tout de suite le ton sur ce que sera Scream. Le film peut ainsi être vu à plusieurs degrés. Le premier est bien sûr un simple slasher hérité des années 70/80 où un tueur sans pitié va massacrer de jeunes adolescentes. Jusque là, rien de plus cliché. Mais, aigri par des années de vaches maigres (on peut même dire qu’il n’hésite pas à cracher dans la soupe), et avec le jeune scénariste aux dents longues qu’est Williamson, Craven, impose un second degré qui sera la marque de fabrique de la série, se moquant lui-même du genre qu’il avait contribué à instaurer.

Ainsi, si le film fait des clins d’œils poussés à ses prédécesseurs (Halloween et Vendredi 13 pour les plus célèbres), c’est pour mieux en démonter le concept dans la seconde qui suit. Au fond, le film ne fait que refléter le regard qu’ont les adolescents lorsqu’ils regardent un film d’horreur. Ceux-ci n’y voient plus que des bimbos poursuivies par des tueurs ? Craven va leur en donner mais aussi s’en moquer. C’est bien pour cela que le tueur est maladroit comme pas permis, car au fond, il n’a pas de véritable motivation, ce n’est qu’un amateur, une pâle imitation de ses ancêtres. Et côté bimbos, Neve Campbell et Courteney Cox font ici plutôt figure de femmes fortes et déterminées plutôt que blondes victimes. Finies l’horreur macabre et poétique ou les origines italiennes héritée du giallo. Assez subtilement, Wes Craven ne réinvente rien mais remet le genre en exergue en reprécisant ses règles que les ados des années 90 avaient oublié et en jouant un peu avec (notamment via les images des médias).

Si le scénario n’est pas toujours crédible et que la mise en scène, efficace, ne fait pas dans l’originalité, le discours de Scream est en tout cas assez novateur à l’époque et les ados en mal de sensations fortes depuis la précédente disparition du genre (re)découvriront tous le genre par son biais. Son statut culte, Scream l’a obtenu car il est un film générationnel et seuls les ados des années 90 qui commencent à être obnubilés par les images des médias s’y identifieront. En effet, il se moque bien trop des films cultes qui l’ont précédé pour satisfaire les amateurs historiques du genre, et aujourd’hui, la violence du film est assez fade comparée à la vague de torture-porn ressurgie avec Saw.

On ne peut pas nier que Scream ai eu quelque impact sur le cinéma d’horreur américain après sa sortie en le faisant sortir des vidéo-clubs. Le succès a été tel que les studios y ont tout de suite vu une manière de gagner de l’argent sans trop de frais (le slasher, même si c’est un genre artistiquement assez pauvre est bien l’un des plus rentables) et nous avons alors vu débarqué des ersatz de Scream qui n’en avaient pas vraiment le subtil second degré (ou alors c’était raté) comme Souviens-toi l’été dernier ou Urban Legend et leurs suites. Mais Scream a également eu droit à deux suites forcément moins réussies. Scream 2 qui se moquait alors du concept même des suites et Scream 3 où Craven s’est amusé à remettre sa réalisation en abime (en reprenant le principe du film dans le film qu’il avait déjà exploré dans son dernier volet de Freddy).

L’autre effet qu’a eu Scream, c’est de permettre à des acteurs et actrices de séries TV de faire leurs premiers pas au cinéma. Le cinéma d’horreur avait déjà cette habitude d’offrir leurs premiers rôles à de futures stars (Johnny Depp encore inconnu après le premier Freddy …) mais ici, avec Scream et consorts, il en faisait de véritables stars dont certaines n’ont pas réussi à percer ailleurs que dans le genre (Neve Campbell, Jennifer Love-Hewitt) alors que d’autres auront réussi à se prendre en main (Drew Barrymore).

Si Scream 4 sort aujourd’hui sur les écrans avec l’équipe originale aux commandes, c’est sans doute une histoire d’argent (après tout, ce n’est pas la première fois pour Wes Craven), mais c’est peut-être aussi parce que le genre n’est pas mort et qu’il y a, comme lorsque le premier volet sorti il y a 15 ans, encore quelque chose à dire sur le genre et la violence vue au cinéma … ou sur la génération des années 2000 vue par celle des années 90.