Culte du dimanche : l’Armée des 12 singes

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A force de récits à tiroirs et de voyages temporel/dimensionnels qui squattent les écrans, on devait bien revenir sur l’une des grandes inspirations du genre des années 90 et sans doute le projet le moins maudit de Terry Gilliam : l’Armée des 12 Singes.

l'Armée des 12 SingesOn le sait bien, Terry Gilliam a ce grain de folie qui fait que tout ce qu’il touche est à la fois maudit et culte. Ainsi son Brazil a connu des déboires avec les studios pour en sorti avec le statut qu’on lui connait et son Don Quichotte sera une éternelle chimère, sans parler des déboire de l’Imaginarium du docteur Parnassus. Au milieux de tous ces déboires, l’Armée des 12 Singes fait un peut figure d’exception puisqu’il est celui qui a connu le moins de problèmes et qui a eu le plus de succès à sa sortie en salles.

Pour autant, et même si il n’en a pas écrit le scénario, l’Armée des 12 Singes ressemble bien à un film que seul Terry Gilliam aurait pu réaliser. Très grandement inspiré par La Jetée de Chris Marker (avec également des références à Quicksand, à Sueurs Froides pour une séquence poignante ou même au Magicien d’Oz pour le titre), il montre comment un homme va remonter le temps pour comprendre comment un virus a obligé les hommes à rester sous la surface, laissant le monde que nous connaissons à l’abandon. Culte du dimanche : l’Armée des 12 singesUn récit de voyage temporel qui n’est pas neuf et qui trouve même toutes ses bases dans le roman-photo de Marker, mais qui sous la caméra de Gilliam devient étrange et prenant. Il n’est pas étonnant que le réalisateur l’ai mis en scène étant donné la folie qui entoure ses héros, que ce soit la partie se déroulant dans l’hôpital psychiatrique avec un Brad Pitt fou à lier ou un Bruce Willis complètement paumé, décalé par ses allers-retours. L’autre aspect qui fait ressembler l’Armée des 12 Singes à un pur film de Terry Gilliam, c’est également son aspect visuel. Dans le futur qui est montré en particulier, on retrouve bien un univers sombre et dérangé qui n’appartient qu’à lui et qui nous fait clairement penser à Brazil.

armee-des-12-singes bruce willis madeleine stoweNon content d’imposer sa patte dans ce qui pourrait être considérer comme un film de commande pour lui, Terry Gilliam réalise également l’un des rares films où le voyage dans le temps est traité sans fausse note. Tout y est clair et en même temps complexe, l’intrigue nous amène à une issue inéluctable tout en nous laissant nous attacher aux personnages. Ici, en plus de l’intrigue, les relations entre les personnages bien fouillées pour laisser une belle place à la romance. Mais pas la romance mièvre, non, même si Madeleine Stowe n’est pas la meilleure touche du casting, mais bien une romance sincère, poétique qui, à travers le temps touche le spectateur.

armee-des-12-singes- bruce willis brad pittMême si les acteurs ne sont pas ses propres choix de réalisateur, Terry Gilliam a réussi à trouver en Bruce Willis et Brad Pitt les personnages perdus de son récit. Willis change un peu sa palette de jeu pour se différencier de l’éternel sauveur du monde et Pitt est si impressionnant qu’il est récompensé d’un Golden Globe pour cette prestation (accompagné d’une nomination aux Oscars), assurant avec ses prestations de Seven et Entretien avec un Vampire un grande carrière à venir. Preuve que malgré les contraintes, Terry Gilliam arrive toujours à obtenir ce qu’il recherche.

bruce-willis-armee-des-12-singesAlors oui, L’Armée des 12 Singes n’est sans doute pas le film le plus personnel de Terry Gilliam et c’est sans doute la raison de ses bons résultats au box-office, mais il ne s’agit pas moins de l’un des films de SF et d’anticipation les plus hypnothisants et étranges des années 90. Le réalisateur maudit a vraiment su imposer sa patte pour un tragique voyage temporel mais qui, comme tous ses films, est devenu culte.