La Proie, critique

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Alors que son Hybrid réalisé aux États-Unis se fait toujours attendre, Eric Valette revient en France pour La Proie. Un projet que l’on sent calibré pour le grand public et c’est bien dommage.

La Proie, critiqueAprès Fred Cavayé et son A bout portant survitaminé, c’est au tour d’Eric Valette de donner dans la traque. Ici, Albert Dupontel va devoir libérer sa fille des mains d’un serial-killer. Sauf qu’il vient de s’évader de prison et qu’il est donc lui-même poursuivi par la police qui le croit coupable des meurtres. La course pour sauver sa famille et prouver son innocence est filmée à un train d’enfer.

Après avoir fait ses armes dans le film de genre, voilà qu’Eric Valette donne dans le polar et ça lui va plutôt bien. Avec une mise en scène sobre et calibrée, menée à un bon rythme, on ne voit pas le temps passer, d’autant plus que le scénario à plusieurs points de vue (ceux de chaque protagoniste), même si il reste prévisible, est assez bien construit pour nous impliquer.

Toutefois, malgré ces qualités de réalisation, on sent bien qu’Eric Valette n’a pas vraiment pu aller au bout de ce qu’il pouvait faire. La Proie Albert DupontelAlors qu’à certains moments le réalisateur commence à démontrer une volonté de verser dans un film plus noir (qui nous aurait rappelé ses débuts dans le cinéma de genre), il reste contraint d’offrir un film pour un public assez large. Du coup, la violence est présente mais reste discrète. Jamais nous n’avons d’impression de malaise alors que l’intrigue liée au serial-killer s’y prêtait vraiment. Ce manque de parti pris laisse alors une désagréable impression d’un film gentiment adapté d’un fait divers.

Cette impression est peut-être aussi due aux acteurs. En effet, si Eric Valette s’avère très efficace dans sa mise en scène, c’est autre chose du côté de la direction d’acteur. La Proie Alice TaglioniEn effet, Albert Dupontel, bien que toujours bon, est ici contraint de faire sa tête de « mec pas content»  pendant tout le film, laissant peu de place à l’émotion. Et du côté des seconds rôles, c’est pas mieux puisque Zinedine Soualem récite son texte comme dans un téléfilm et Sergi Lopez n’est pas assez ambigu pour marquer le doute. En fait on retiendra surtout une Alice Taglioni parfaitement employée et à qui le rôle de femme d’action va plutôt bien. Enfin, on comprend bien le travail qu’a fait Stéphane Debac sur le rôle du tueur en série. il n’a pas voulu en faire un psychotique et a préféré miser sur la gentillesse apparente mais le grand méchant loup qui se cache derrière n’est pas assez menaçant pour nous donner le moindre frisson.

Bref, cette course poursuite de Paris au sud de la France reste assez efficace mais bien trop grand public pour s’y attacher vraiment. Mais on peut au moins espérer que La Proie permette ensuite à Eric Valette d’avoir des projets plus ambitieux et audacieux à mettre en scène.