Enfermés à 5 dans un ascenseur et le diable se cache parmi le groupe : monument de l’horreur ou plongée vers un navet en puissance ? La réponse avec ce Devil en direct-to-nanar.
Longtemps attendu chez nous, Devil est simplement la nouvelle production de M. Night Shyamalan. Il n’a signé que le scénario et assure une partie de la production mais ne se charge pas de la réalisation. Il produit en fait ici une trilogie qu’il a écrite. Le résultat aurait pu donc être pire. Tant attendu, cet artisan du suspense avec dose d’horreur qui avait tant surpris avec ses débuts puis gravement déçu voire agacer avec ses films SF pour enfants, signe un nouveau morceau.
Le pitch de Devil et les premières images parvenues jusqu’à nous pouvaient laisser présager de plein de moments de tension sanglante. Tout de même, le summum du huis-clos de l’horreur : des individus coincés dans un ascenseur avec le diable au milieu du petit groupe, dans le genre Agatha Christie, le coupable est parmi vous, on ne pouvait pas s’attendre à mieux. Mais ici, point de montée en puissance avec cet ascenseur pour l’enfer, coincé au 24e étage. Après un préambule plutôt évasif sur une histoire d’enfant raconté par le narrateur (« le diable surgit après qu’il y ait eu un suicide, pour venir tourmenter les humains qui ont quelque chose à se reprocher» ), on est vite plongé dans le vif du sujet.
5 personnages dont les passés ne sont pas dévoilés arrivent tous à l’improviste dans un ascenseur. Celui-ci s’arrête net du fait d’un événement qui se révèle plutôt surnaturel. Puis, après une attente assez longue, chacun des passagers va être éliminé de façon plutôt brutale. En parallèle, un policier sensé être en deuil vient enquêter sur un suicide ayant eu lieu plus tôt et devient spectateur des événements se déroulant dans la cabine d’ascenseur. Ayant rejoint un vigile ultra croyant et un autre vieux et cynique, ils vont tous assister à l’étrange pièce de théâtre.
Car en fait, le diable s’est immiscé au milieu de ces personnages sans histoires qui révèlent tous avoir fait des choses pas claires dans leur passé (des trucs comme avoir voler des bonbons, menti à la maîtresse, regarder la télé après 22H00, etc.). Cette torture psychologique de « mais-qui-c’est-qui-vient-de-tordre-le-cou-de-Jimmy» va s’intensifier avec des lumières fonctionnant mal et des persistances rétiniennes semblable aux taches d’encre du Test de Rorsach mais colorées, sensées figurer le Démon ! Oh my God, ça fait peur ! Une musique discrète et des bruits gutturaux de Batman enroué viennent en rajouter à l’horreur la plus totale qui ferait passer vos peurs infantiles de monstres sous le lit pour une éraflure au genou.
Vous l’aurez compris, on ne rentre pas du tout dans ce Devil. Et pour cause, des personnages sans histoires, une situation de suspense qui lasse très vite, un huis-clos devenant rapidement ridicule, des extérieurs dignes de séries B et un scénario à petit tiroir, vous feront vite décrocher. En plus, doublé d’une pseudo introspection sur la rédemption (« est-ce possible de pardonner à un tueur» …) sur fond de croyances religieuses et populaires, Devil, s’il part avec un titre et un pitch très encourageant, déçoit très vite pour le côté trop gentillet de M. Night Shyamalan. Quelques bris de glace, interruptions de courant, énervements passagers et un flic moustachu plus tard, on finit par ne pas être, mais alors pas du tout être terrorisé par ces histoires de fantômes de cour de récré qui ferait passer Candyman pour Casper.