Thor, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Thor ouvre la saison des super-héros 2011 avec lourde tâche d’imposer un dieu nordique au box-office tout en entretenant toujours le suspens sur les Vengeurs de Marvel. Entre deux mondes, rencontre avec un shakespearien complètement marteau.

Après Iron Man et Hulk, les studio Marvel introduisent leur nouvel équipier des Vengeurs, l’asgadien Thor. Grande responsabilité et choix risqué pour ce qui n’est pas un super-héros classique mais bien un dieu, conté dans les aventures dessinées et parfois psychédéliques de Stan Lee et Jack Kirby. L’essentiel du comic book est ici reprit dans le film, soit l’histoire de deux frères se battant pour la reconnaissance de leur père et, si possible, une accession au trône tout en devant apprendre toute l’humilité qui doit guider un roi. Avec cette intrigue royale, il n’est pas étonnant que Marvel ai choisi le spécialiste de Shakespeare, tant au théâtre qu’au cinéma, que ce soit derrière ou devant la caméra, Kenneth Branagh, car si l’homme n’a pas fait ses preuves sur du blockbuster, il a tout pour apporter de la profondeur au héros.

Malheureusement, de la profondeur, il n’y en aura pas tant que cela. Le récit étant divisé en deux (ce qui se passe sur Asgard et ce qui se déroule sur Terre), on sent bien le réalisateur aussi partagé que son héros mais avec une nette préférence pour le domaine des dieux. Car c’est là que se déroule toute l’intrigue shakespearienne, c’est là que se noue l’essentiel de l’intrigue et c’est là que les personnages sont les plus fouillés. Branagh est très clairement porté sur Asgard qu’il reproduit de manière magnifique, nous rappelant les belles heures de Kirby au dessin (entre science futuriste et magie mystique). Ici, les rapports tumultueux (entre haine et fraternité, amour et déshonneur, …) entre Thor, Loki et Odin sont bien écrits et interprétés par des acteurs convaincants (Anthony Hopkins, impérial dans le rôle d’Odin répare ici ses récents cabotinages du Rite et Wolfman). Même les personnages secondaires comme les 3 guerriers, Sif, et Heimdall (gardien du magnifique pont arc-en-ciel) ont leur caractère. C’est aussi là que ce passage la véritable action à la hauteur de nos dieux. C’est ici qu’ils affrontent les hostiles géants des glaces dans une scène d’action qui en impose mais gâchée par l’obscurité de la 3D.

En Asgard, tout est en place pour un récit mythologique des plus intéressants et au rythme qui ne faiblit pas, en espérant y retourner prochainement pour l’explorer davantage. C’est par contre sur Terre que l’on a de quoi être déçus puisque ce qui s’y passe reste assez anecdotique. Peut-être parce que l’environnement nous est plus familier et que les rapports entre les personnages terrestres sont moins intéressants. Il faut dire que Natalie Portman y est plus cruche que jamais (on l’excusera, elle a besoin de se détendre après Black Swan) et que le rythme est moins enlevé (normal, il ne s’y passe pas grand chose). Seules des références au comics (bien respecté dans l’esprit et les fans qui voulaient voir apparaître l’avatar terrestre de Thor, Donald Blake, ne sont pas oubliés) et aux vengeurs, l’humour du kitsh complètement assumé (lorsque les guerriers arrivent en ville) et le combat contre le Destructeur maintiendront notre intérêt.

Malgré tout, les actions se déroulant en parallèle sur les deux univers sont plutôt bien associées et rend ce qu’il se passe assez crédible tout en gardant un aspect léger de comic book parfois un peu désuet mais tellement plaisant. D’autant plus que Chris Hemsworth est simplement parfait dans le rôle titre. Il n’y a pas à dire, il en impose en costume et a bien comprit le caractère du personnage, c’est bien sur ses larges épaules que repose le film.

On aurait pu craindre que le film un film complètement kitsh et ce n’est pas le cas, Branagh navigue avec justesse sur le fil qui le sépare du ridicule de la situation et nous offre du coup un divertissement agréable à défaut d’être vraiment novateur et irrésistible. D’un autre côté, on aurait pu s’attendre à un désagréable avant-goût des Vengeurs comme l’avait été Iron Man 2, mais ce n’est pas le cas non plus car si il s’agit bien d’une introduction du personnage pour la franchise et le projet Avengers, les éléments y menant (l’intervention du Shield) sont parfaitement intégrés à  l’histoire sans mettre les novices de côté.

Bref, Thor arrive comme un coup de tonnerre et introduit ce nouveau héros Marvel de manière plutôt efficace et divertissante, sans autre prétention. Une plutôt bonne surprise car si son aspect propre à notre monde reste terre à terre, l’univers d’Asgard recèle bien des recoins à explorer.

PS: Évitez de voir le film en 3D. Non seulement vous ferez plaisir au porte-monnaie et vous éviterez un mal de crâne, mais en plus elle est complètement inutile et au moins, vous pourrez beaucoup plus apprécier la beauté et les couleurs d’Asgard tout autant que la sombre bataille dans la première partie du film.