Il était une fois un meurtre risque de se faire discret dans les salles mais ce n’est pas une raison pour louper ce film sombre, dur, émouvant bien qu’un peu long. Un récit difficile pour un sujet qui l’est tout autant mais réalisé de manière assez passionnante.
Difficile de traiter d’un sujet aussi sensible et glauque que la pédophilie sans tomber dans le cliché, que ce soit dans les histoires ou dans les interprétations. Voilà donc déjà au moins un premier mérite à attribuer à Il était une fois un meurtre, film allemand de Baran bo Odar adapté du roman Le Silence, un roman de Jan Costin Wagner. Il était donc une fois, un meurtre qui a été commit dans un champ, dont le coupable ne fut jamais retrouvé. 23 ans plus tard, un autre meurtre est commis, au même endroit et de la même manière. S’en suit alors une enquête prenante mais aussi une terrible réflexion sur l’abandon.
Ici, plusieurs points de vue sont adoptés, permettant à la fois de chercher des indices sur le meurtrier en question et son mobile, mais surtout, ils permettent d’illustrer l’impact de ce meurtre sur les différents personnages. Nous aurons donc le ressentiment de la mère de la première victime chez qui le nouveau drame faire revivre un enfer et la police qui mène l’enquête avec le peu d’indice en sa possession. Mais le point de vue le plus intéressant est celui du complice du premier meurtre qui voit ici son passé qui refait surface alors qu’il a tiré un trait et fondé une famille. Lorsque que ce nouveau meurtre arrive, c’est une remise en question totale. Chacun a ici un lourd passé que le nouveau meurtre faire ressurgir et les émotions reviennent alors elles-aussi à fleur de peau.
Il faut dire que l’histoire est de ce côté traitée avec une mise en scène sobre et très juste, entre le thriller et le drame intimiste à portée sociale. Le sujet est glauque et le point de vue du complice n’aide pas à alléger une atmosphère pesante mais c’est justement la force du film qui, en évitant les clichés, nous fait entrer au plus près de ses personnages intérprétés avec une conviction et une humanité confondantes, quels que soient les rôles. Il est alors dommage que le film manque tout de même de rythme. En effet, malgré son histoire prenante et ses personnages touchants, il y a bien des longueurs qui fatiguent, si bien que la dernière partie en devient trop pesante. 20 minutes de moins auraient sans doute permis au film de resserrer son intrigue tout en amplifiant la tension venant des situations et des personnages.
Au final, si l’on n’est pas rebuter pas le sujet de départ, Il était une fois un meurtre se révèle être un film passionnant sur un sujet qui trop rarement traité sur les écrans, et encore plus rarement traité avec une telle justesse. Alors oui, c’est glauque, pesant, long mais ce n’est pas une raison pour le bouder en salles, au contraire.