Culte du dimanche : The Rocky Horror Picture Show

Par Fredp @FredMyscreens

Complètement barge, fauché et confidentiel mais regroupant un noyau dur de fans à travers les années, c’est tout ce qui a fait de The Rocky Horror Picture Show un film culte.

A l’origine, il y a une petite comédie musicale un peu fauchée mais complètement décalée créée par Richard O’Brien. Jouée dans un petit théâtre de Londres, sa renommée commence à croitre en réunissant des fans très fidèle. Il n’en fallu pas plus à Hollywood pour s’y intéresser. C’est la Fox qui décidera alors de produire un film adapté de la pièce. Elle offre alors à ses créateurs deux options : investir beaucoup d’argent et faire venir des stars … ou rester dans un budget raisonnable et laisser le film se faire en famille.

Il faut dire qu’à l’époque (dans les années 70), la Fox arrive à prendre des risques (ils produiront tout de même Star Wars et Alien par la suite). The Rocky Horror Picture Show va donc être tourné par l’équipe originale de la pièce. Seuls Susan Sarandon et Barry Bostwick viendront s’ajouter à la production pour incarner les 2 héros de l’histoire.


En parlant de l’histoire d’ailleurs, The Rocky Horror Picture Show est une parodie de films de science-fiction et d’horreur. Ainsi, un jeune couple tombe en panne et arrive dans un manoir rempli de personnages étranges dont le docteur Franck’n'furter, extraterrestre travesti se prenant pour Frankenstein. Ici pas la peine de chercher un chef d’œuvre en terme de réalisation, au contraire, c’est complètement fauché et les faux-raccords sont nombreux. D’ailleurs, le film est à sa sortie en 1975 un échec total. Il faut dire qu’une comédie musicale complètement barrée qui mélange références pulp et séries B (King Kong, Dracula, Flash Gordon…), rock’n'roll et libération sexuelle, ce n’est pas vraiment du goût du grand public. Le bide est monumental.

Mais pour rentabiliser le film, la Fox a l’excellente idée de continuer à le diffuser en séance de minuit. Il devient ainsi le premier midnight movie financé par un studio. C’est dans ce cadre qu’il arrive à réunir de nombreux fans. Très vite, ce mélange improbable, complètement déjanté et largement anti-conventionnel (après tout on y parle de libération sexuelle et on y mange des cadavres …) va trouver son public. Et c’est ce public qui le rendra le film culte. Car au fur et à mesure, les fans s’approprient complètement le Rocky Horror à tel point qu’ils s’organisent pour jouer eux-même le film pendant les projections ou amènent des accessoires pour vivre le film pendant la séance (riz pendant la scène de mariage, journaux en papier pendant l’orage, …).  Une séance de The Rocky Horror Picture Show est en elle-même un vrai spectacle.

C’est ainsi que le bouche-à-oreille s’est créé autour du film depuis 1975. Il faut dire qu’en plus du message, les chansons sont plutôt entrainantes (le très culte The Time Warp ou Science Fiction Double Feature), l’aspect kitsch complètement assumé et la performance sans tabous de Tim Curry (ici dans son premier grand rôle qui le casera directement dans la case des grand cinglé au ciné) ajoutent un charme particulier du film qui respire une sacrée joie de vivre.

Et depuis 1975, le phénomène underground autour du film ne s’est jamais démenti. Aujourd’hui, le film détient le record de la plus longue exploitation en salles (le film est toujours régulièrement au programme de nombreux cinémas dans le monde dont le studio Galande à Paris est le dernier en Europe) et a réussi à accumuler près de 150 millions de dollars. Mais surtout, les fans se comptent par dizaines de milliers à travers le monde et n’hésitent pas à retourner voir le film en salles plusieurs fois, rien que pour le spectacle proposé. Aujourd’hui d’autres créateurs y font même référence (Cold Case, Glee), signe que le film est aujourd’hui entré dans une certaine culture populaire.