Blood Island (Bedevilled), critique

Par Fredp @FredMyscreens

Le Grand Prix de Gerardmer 2011 est coréen et se nomme Blood Island. Un drame horrifique sombre et sauvage mais traversé par bien des longueurs

Le cinéma coréen a en général deux caractéristiques qui le rendent assez particulier : une violence assez crue, qu’elle soit physique ou psychologique, et un humour bien particulier parfois très noir à prendre au 10e degré. Tout ceci est dû à une société qui a évolué avec un flingue sur la tempe et dont le cinéma se révèle un libérateur de cette castration.

Bedevilled, renommé Blood Island dans nos contraint, en est ainsi le parfait exemple, mettant en relief la différence entre une femme urbaine et les traditions provinciales. C’est donc Hae-won qui revient sur l’île où elle passait ses vacances lorsqu’elle était enfant. Elle y retrouve sa meilleure amie qui a bien des problèmes avec les hommes de l’île et un groupe de femme qui leur est complètement soumis. Elle découvre alors un quotidien fait de violences et d’humiliations dont a bien fait de s’éloigner… mais va-t-elle pour autant pouvoir aider son amie à y échapper ?

Ainsi, sur les 2 heures de film, 2 tiers insistent sur la découverte de la vie sur l’île, de ses règles sauvages, sans compromis, faisant un portrait sans concession d’un groupe de personnes au comportement rétrograde et violent que nous ne pourrions tolérer en milieux urbain (des hommes violents vénérés par des femmes soumises et qui ne sourcilleront pas). Et si l’on pensait qu’Hae-Won allait être l’héroïne, nous avions tord puisque c’est sur son amie d’enfance Bok-nam que va se recentrer l’intrigue. Et pour cause, c’est ce personnage qui subi ici toutes les humiliations et violences de la part de tous les habitants de l’île. Mais le hic, c’est que 2 tiers d’exposition, c’est bien long, surtout quand les personnages et les situations sont écrits à la serpe. Car ici, les personnages n’évoluent pas, ou très peu et tout y est grossier et souligné avec tant d’insistance que cela en devient lourd au bout d’un moment. Un manque de subtilité qui fait clairement défaut. Et si l’on pouvait penser que cela servait l’atmosphère qui prend son temps pour s’installer et nous mettre mal à l’aise, c’est plutôt raté car on n’a qu’une envie, tuer tous les habitants de cette île maudite, héroines comprises.

Puis vient, après diverses tergiversations inutiles, le déluge de violence annoncé. La revanche a sonné, et si les amateurs de gore seront heureux d’avoir enfin quelques décapitations et litres de sang à se mettre sous la dent, ces séquences sont tournées sans vraiment  d’empathie pour le personnage ou de profondeur. Juste une vengeance, mais sans fond … à croire que toute la profonde installation de l’histoire et des personnages que l’on a subi pendant toute la première partie avait été charcutée jusque dans un dernier quart d’heure de trop et avec une réalisation qui s’attarde bien trop sur les « corps qui tombent un long moment contre le mur avant de ne plus bouger après un poignard en plein coeur» .

Bref si ce Blood Island n’y va pas de main morte sur son message concernant la société coréenne, il n’y va pas de main morte non plus dans sa réalisation lourde (mais aux belles images) et son scénario bancal et trop étiré. Toutefois, les amateurs de ce genre de ce cinéma seront sans doute ravis. Les autres passeront leur chemin sur ces 2 heures qui se ressentent vraiment pendant la vision du film.