Une histoire de famille de gangters, encore ? oui, mais celle-là est prenante, fascinante, australienne et révèle un réalisateur prometteur. Place à Animal Kingdom.
David Michôd, retenez bien ce nom car on devrait l’entendre maintenant assez souvent et il ne devrait pas tarder à se faire courtiser par Hollywood… à moins qu’il arrive à garder toute son indépendance. Quoi qu’il en soit, le réalisateur d’Animal Kingdom est à suivre de près.
Animal Kingdom, c’est l’histoire d’un ado qui vient de perdre sa mère suite à une overdose et va alors se réfugier dans sa famille. Il découvre alors des oncles gangsters et une grand-mère protectrice qui fera tout pour les laisser échapper. Dès la première scène on sent que David Michôd maitrise toute la noirceur de son sujet. On a affaire à un film sombre et brut, où la violence des coup n’est pas là pour divertir, ni pour choquer mais seulement pour filer une vraie claque au spectateur afin qu’il se rende compte de la violence du milieu dans lequel exercent les membres de cette famille en décomposition.
Cette famille en crise, dans laquelle, personne ne peut plus faire confiance à un autre est la représentation même du milieu du grand banditisme australien en plein déclin. Et alors que certains membre cherchent à raccrocher car ils n’y voient plus d’avenir, certains s’y accroche désespérément avec toute la violence peut les caractériser. Quand on dit que l’homme est un loup pour l’homme, c’est ici bien le cas, même au sein d’une famille. Cette plongée crépusculaire dans cette famille a autant des airs de tragédie antique que d’un film de James Gray auxquels s’ajoute la violence qui caractérise parfois le cinéma australien.
Le film de gangster, du Parrain au plus récent The Town est un genre assez balisé mais que le jeune réalisateur y imprime ici une patte très personnelle qui, malgré parfois quelques petites baisses de régime, maintiennent le spectateur et le surprennent quand il s’y attend le moins. Là où Michôd excelle également, en plus de l’ambiance âpre qu’il décrit et des acteurs qu’il dirige parfaitement (du jeune James Frecheville dont c’est ici le premier rôle à Jacki Weaver troublante et ambigüe à souhait), c’est dans une mise en scène impeccable et les images et la bande-son très travaillées s’y accordent parfaitement, ce donne à son film une beauté sombre assez fascinante.
Bref, pour un premier film, c’est un coup de maître que nous propose David Michôd en faisant avec Animal Kingdom un film parfaitement cadré, aussi bien dans ses intentions que dans la profondeur de ce qu’il propose à l’écran. C’est certain, le jeune réalisateur (que certains vont vite comparer aux débuts de Scorsese avec Mean Streets) en a sous le pied et on devrait vraiment faire attention à ce qu’il va nous proposer pour ce second. Pour le moment, on reste encore sous le choc de celui-ci, comme si l’on avait reçu une balle en pleine tête.