Culte du dimanche : Walk the Line

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Avec Reese Witherspoon qui revient au cinéma cette semaine dans un rôle plutôt sérieux et classique (De l’Eau pour les Éléphants), revenons sur le film qui l’a oscarisé et l’un des plus dignes représentants des biopics musicaux : Walk the Line.

Walk the Line, afficheSi il y a bien un genre de film qu’apprécie Hollywood, c’est bien celui du biopic. En effet, rien de tel que de raconter une histoire vraie exceptionnelle pour en tirer des films pleins de bons sentiments et de destins tragiques à renforts de performances d’acteurs qui plairont à coup sûr à l’académie des Oscars, et si possible au grand public pour peu que la personne évoquée soit en tant soit peu célèbre. En cela, les années 2000 on été particulièrement productives et l’on peut même recenser une recrudescence des biopics musicaux tels que Ray, Dreamgirls, Control, … Mais si il ne fallait en retenir qu’un, celui qui rassemble tous les poncifs du genre sans pour autant lasser comme les autres, c’est bien Walk the Line sur Johnny Cash.

Si il reste chez nous assez peu connu, aux États-Unis, Monsieur Johnny Cash était une institution du rock’n'roll au même titre qu’Elvis. Avec une vie aussi mouvementée que la sienne liée à une histoire d’amour romanesque avec June Carter, il était impossible de ne pas adapté ce destin hors du commun au cinéma. C’est donc à James Mangold que la tache échoue. Le réalisateur n’est pas un manchot et si il lui manque peut-être une personnalité affirmée, il peut tout de même s’adapter à loisir à différents genres avec une certaine efficacité sans pour autant être un simple yes man (Copland, Identity, 3h10 pour Yuma). L’histoire sur laquelle se concentre le réalisateur regroupe tous les clichés du biopic : un événement tragique durant l’enfance (la mort de son frère) qui affectera longtemps le héros et ses relations familiale (et en particulier un père dont il cherchera à jamais la reconnaissance), la révélation de son talent en donnant tout ce qu’il a, un mariage qui ne fonctionne pas (à cause des tournées et de son amour parallèle pour June Carter), l’enfer de la drogue et la résurrection (ici au travers du concert culte au pénitencier de Folsom). Oui, tout est là. Mais dans Walk the Line, les ingrédients sont très bien mixés pour offrir au spectateur un récit authentique qui ne lasse pas car James Mangold, si il n’innove pas dans la mise en scène, arrive tout de même à donner autant d’intensité au destin raconté qu’aux parties musicales. C’est généralement là que le genre pêche en donnant tellement d’intensité aux morceaux sur scène que l’histoire en devient accessoire. Ici ce n’est pas le cas et tout est au même niveau, les chansons servant le récit et celui-ci servant les séquences live.

Walk the Line Joaquin Phoenxi Johnny Cash

Mais si Walk the Line se démarque de ses prédécesseurs, c’est aussi et surtout grâce à son duo d’acteurs. Car se sont bien eux qui apportent toute l’intensité et l’authenticité des destins liés de Johnny Cash et June Carter. Ce sont d’ailleurs les deux artistes qui ont validé le choix de casting qui s’est porté sur Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon. Et bien leur en a pris puisque le duo à l’écran est tout simplement l’un des plus beaux couples vus au cinéma depuis un petit moment. Il fonctionne à merveille et l’on ressent vraiment toute la sincérité de leur relation. Joaquin Phoenix qui brille ici de mille feux pour montrer les différentes facettes d’un personnage torturé par son passé, sa passion et son amour éternel pour celle qui refuse sans cesse ses avances. L’acteur est ici au sommet de son talent et obtiendra un Golden Globe et une nomination aux Oscars (statuette qu’il n’aura pas, sans doute à cause de Jamie Foxx qui l’avait obtenu l’année précédente dans Ray). En face de l’incandescent Phoenix, il y a donc la fraiche Reese Witherspoon qui démontre ici qu’elle peut brillamment s’éloigner des rôles de blonde en interprétant June Carter. Elle navigue naturellement entre une légèreté apparente et les difficultés qu’elle traverse en même temps que Johnny Cash. L’actrice obtiendra d’ailleurs l’oscar de la meilleure actrice, lui assurant par la suite des rôles plus sérieux.

Walk the Line Joaquin Phoenix Reese Witherspoon Johnny Cash June Carter

Mais il n’y a pas que le talent de Mangold pour mettre en scène de manière classique mais efficace le récit et le duo d’acteurs pour faire de Walk the Line un succès. C’est aussi parce le film évoque un pan de l’histoire musicale américaine que l’on a tendance à oublier. Celui des tournées d’après-guerre qui n’en finissaient pas et permettaient de souder les artistes émergents tels qu’Elvis, Roy Orbison ou Jerry Lee Lewis. Le film retranscrit ici à merveille toute cette ambiance dans laquelle notre héros grandit vraiment et affirme son talent. Et bien sûr, on ne peut pas évoquer Johnny Cash sans parler des chansons qui habitent le film. Ici ce sont les acteurs qui chantent vraiment, en live, les chansons, ce qui ajoute à l’authenticité de leur jeu mais aussi à l’intensité rock’n'roll du film de Cry cry cry à Cocaine Blues en passant par Ring of Fire, on se surprend même à taper du pied devant le rythme entrainant de ces séquences.

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Alors non, Walk the Line n’est peut-être pas un film qui aura révolutionné le cinéma. Si l’on cherche de ce côté, il est on ne peut plus classique. Mais il s’agit pourtant de l’un des meilleurs biopics des années 2000 qui a surtout montré, si il en était encore question, toute l’étendue du talent de ses deux interprètes.