De l’eau pour les éléphants, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Le cirque est de retour au cinéma avec De l’eau pour les éléphants, voici la résurrection d’un spectacle populaire qui a disparu des écrans depuis bien longtemps.

Au cinéma, lorsque l’on parle de cirque, il est impossible de ne pas penser à Sous le plus grand chapiteau du monde, la fresque de Cecil B. DeMille qui a illuminé les yeux de plus d’un enfant et fait frissonner bien adultes. Il est le représentant d’un âge d’or où Hollywood régalait le public en grandes histoires tragiques à renforts de stars, de gros budget et de technicolor. De l’eau pour les éléphants se veut donc aujourd’hui être l’héritier de cette ère révolue, nostalgique pour un métier en voie de disparition et d’un cinéma classique et populaire comme on n’en fait plus.

En adaptant le best seller de Sara Gruen, Francis Lawrence change donc complètement de registre, le voici qui passe de ses clips et d’histoires apocalyptique à sfx (Constantine, Je suis une Légende) à un récit on ne peut plus classique. L’histoire d’un jeune vétérinaire qui trouve refuge dans un cirque en faillite et va tomber amoureux de la femme de chef de la troupe. Une romance évidemment déjà vue 100 fois et donc incroyablement prévisible (avec quelques histoire parallèles tout de même intéressantes) mais ici mise en scène avec une immense élégance. Avec De l’eau pour les éléphants, le réalisateur montre qu’il peut mettre en boite un récit classique avec des images d’une beauté d’antan et des sentiments d’autrefois qui font remonter à la surface des souvenirs d’un autre cinéma.

Ce sont aussi les personnages qui nous donnent ce sentiment. Robert Pattinson y interprète le jeune homme transi (enfin, pour cela, il faudrait qu’il améliore vraiment son jeu car les émotions ne passent toujours pas) d’une Reese Witherspoon craquante et fragile. Mais, comme à son habitude, c’est l’inénarrable Christoph Waltz qui tire son épingle du jeu en interprétant l’odieux et impitoyable chef du cirque. Un personnage complexe auquel l’acteur donne toute l’intensité de son jeu. Avec un tel personnage portant les enjeux du film, la romance entre les deux protagonistes principaux est donc tout de suite plus fade à côté, d’autant qu’on sent bien que Reese et Robert n’arrivent pas à développer une complicité suffisante pour nous convaincre de leur amour à l’écran.

Mais malgré les belles images et la nostalgie d’un cinéma d’antan, le classicisme de rigueur nous fait parfois ressentir un sentiment d’œuvre assez neutre. En effet, où sont passés les monstres de foire propres au cirque ? (non, on ne verra pas la femme à barbe), où sont passés les numéros de cirque dangereux (non, on ne verra pas un seul numéro, on restera en coulisses) ? Non, ici, la magie a du mal à prendre (alors que Tim Burton y était arrivé à merveille dans son Big Fish) et le final révèle une portée dramatique décevante. C’est dommage car les ingrédients étaient pourtant tous là pour faire un grand et beau film sur un spectacle vivant en perpétuel déclin. A la place, nous n’aurons qu’un beau film qui nous donnera la nostalgie de ce que savait faire Hollywood à la grande époque.

Finalement, si De l’Eau pour les Éléphants ne se révèle pas être la résurrection du film de cirque à cause d’un manque de magie et d’une interprétation fade d’une histoire d’amour heureusement transcendée par Christoph Waltz, il s’avère être tout de même être un beau film avec de beau sentiments qui nous rappelleront le cinéma d’antan.