Pirates des Caraïbes : la Fontaine de Jouvence, critique

Par Fredp @FredMyscreens

Le Capitaine Jack Sparrow redébarque, de nouveau, au grand plaisir de ses fans…et de ceux qui ne connaissent pas encore trop ses histoires.

Si vous n’en avez déjà pas marre de l’agaçant maniérisme du Capitaine Jack Sparrow, de l’attitude générale pédante de ces pirates, eh bien vous serez probablement lassé par cet énième numéro, tellement bien monté dans une logique de surenchère, chère aux studios qu’on se demande s’il ne va pas y avoir un 5ème numéro (sigh) ! Pour tout vous dire je ne me rappelle même plus si j’ai vu le 3ème. L’interminable épisode 2 m’ayant déjà gavé de kraken, de marins zombies et d’autres créatures poisseuses (alors que je n’aime pas vraiment les fruits de mer) le souvenir du numéro 3 semble s’être évanoui. Ce 4ème film aura sans doute le même effet.

Non pas que le divertissement ne soit pas au rendez-vous ou que l’aventure et le rêve d’une époque fort lointaine ne soit pas atteignable avec ce Pirates des Caraïbes 4 ! Non juste que, avec la flopée d’histoires d‘aventure, des séries des Momie, Stargate, Indiana Jones, Retour Vers le Futur, Star Wars, A la poursuite du diamant vert… que l’on connaît déjà par cœur (mais qu’on revoit avec plaisir, évidemment si on les connaît de notre jeunesse, on est mordu a vie de ces films), difficile de livrer quelque chose de neuf. Et pourtant dans ces grandes histoires qui dépeignent des aventures plutôt extraordinaires, dans des époques lointaines, beaucoup d’éléments font que nous pouvons nous identifier tout en passant 2 heures ailleurs, loin.

Et c’est bien ce que produit la franchise Pirates des Caraïbes la fontaine de jouvence, qu’on se le dise ! Sauf qu’au lieu de se trouver avec une histoire totalement novatrice et bluffante, on est face à la même que les 3 épisodes le précédant. Oui le premier est différent. C’est facile, c’est le premier, forcément c’était frais, les moyens derrière un film de pirates étaient là (c’est sûr que comparé au gentil Hook de notre jeunesse ou du L’Île aux Pirates de Renny Harlin on en avait un peu plus pour notre argent de poche niveau effets spéciaux et action), les acteurs étaient jeunes, beaux et neufs et intéressants, et puis cela mêlait à la fois histoires entre adultes et attraction de Parc à souris américaine pour enfants. Tout le monde était content. Et bien là on est devant le même film.

Comme dans tous les exemples de films cités au-dessus, le voyage compte plus que la destination. Le très mal nommé en français Pirates des Caraïbes 4 La fontaine de jouvence (en anglais « Pirates of the Caribbean: On Stranger Tides ») indique que l’aboutissement du film sera atteint lors en face de la dite fontaine. Mais, au final, la bonne heure et demie du film s’attarde sur les évasions incessantes de Mr Sparrow, les cascades presque spectaculaires pour se soutirer à une bande avant de la rallier plus tard, aux petits combats aux sabres partagés entre plans serrés sur les visages et plans saisissants les personnages en entiers, aux différents mise en joue pour contraindre son adversaire du quart d’heure à lui reverser quelque chose. En somme, les mêmes cabrioles, les mêmes truchements de la vérité afin de mieux servir ses propres ambitions. Et puis cet infatigable caricature de pirate travesti aspirant à l’alcoolisme, épicurien et monomaniaque que nous joue un Johnny Depp sous lexomil, visuellement un croisement entre Jared Leto, Max Cavalera (pour les connaisseurs rockeurs) et une femme de ménage d’1 m 70.

Enfin bon, pas si pareil en tous points de vue en fait. Les jeunes acteurs du début sont partis, seul le fringant et fatiguant Johnny Depp reste (pour le coup il se récupère tout l’attention du scénario), et les 2 vieux pirates vus auparavant se retrouvent et mènent la danse (Barbe Noire et Barbe Rousse, identifiables à la couleur de leurs barbes). Même Penelope Cruz dans le rôle de l’élément féminin charme n’est pas si fringante que ça en y réfléchissant. Restent que le jeune prêcheur religieux et la sirène pour nous apporter un vent de fraîcheur, bien que… (oui pardonnez l’allusion à l’hygiène difficile de la femme poisson) et une composition assez touchante comparé au reste du film qui est « déjà vou » (comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique). Donc le casting s’est fait en partie la malle et il manque un pendant « normal » à Mr Sparrow. Quoique, un pendant mâle normal pour contrebalancer l’imposante pédanterie et le jeu théâtral trop poussé de messieurs Geoffrey Rush (qui en fait parfois des tonnes) et Ian Mc Shane (qui se contient plutôt bien mais qui n’aurait pas souffert d’un peu de folie pour épaissir son personnage de « méchant pirate »).

Passé ces minutes ou s’enchainent les scènes ne nécessitant aucune vérification, on peut être porté à s’assoupir face à ces sirènes méchantes ou ces énièmes pirates qui relèvent plus du clochard de ReR mais avec une élocution réussie que des sagouins sanguinaires des mers. Bref.

A l’image du premier quiproquo qui cimente le début du film (Jack Sparrow cherchant supposément à rassembler un équipage et un navire, alors que le vrai certifie le contraire), on se laisse embarquer dans Pirates des Caraïbes 4 en cherchant un peu sa place, en se demandant ce qu’on va nous sortir comme histoire pour lier toutes ces scènes entre elles. On est tout aussi curieux que le personnage principal de comprendre la raison de notre participation à ces 4èmes aventures. La quête pour la fontaine de jouvence, la jeunesse éternelle, ne jamais vieillir… Le spectacle est au rendez-vous, il surgit de façon régulière rythmé par le thème de Hans Zimmer qu’on connait aussi désormais par cœur et qui nous indique quand s’agiter sur notre fauteuil. Et hop !