Jodie Foster offre à Mel Gibson une rédemption sur un plateau d’argent avec Le Complexe du Castor. Un drame familial juste et touche, un vrai petit coup de cœur.
Il y a des films comme ça que l’on croirait typiquement issu d’un livre avec marqué en gros « histoire vraie» en préface. Le Complexe du Castor aurait pu faire partie de ceux là. L’écriture d’un quotidien assez personnelle avec des personnages complexe et un sujet qui ne semble marcher que sur le papier en sont les indicateurs. Mais non, l’idée farfelue de cet homme qui essaie de guérir d’une dépression avec une marionnette est complètement issue de l’esprit du scénariste Kyle Killen. Très intelligemment, il dresse non seulement le portrait d’un homme au bord du suicide, prêt à tout perdre, mais aussi celui d’une famille éclatée. Il n’est pas étonnant que le scénario un brin original ai alors séduit Jodie Foster. L’actrice pour l’occasion devenue également réalisatrice (c’est ici son 3e film derrière la caméra) y explore donc ici encore des thèmes familiaux qui lui tiennent particulièrement à cœur.
Il faut dire que d‘un sujet qui aurait pu verser facilement dans la franche comédie roublarde, elle en fait un drame familial sincère et touchant. Elle va explorer toutes les facettes de la situation qu’expose le script de Killen, de la comédie aux moments les plus noirs de la dépression cet homme, Walter Black, incarné avec force et humilité par Mel Gibson. Car c’est là l’une des meilleurs idées de casting de l’année. En offrant à Mel Gibson se rôle de père de famille tombé plus bas que terre et qui s’apprête à reprendre le dessus et à revivre avec les siens, Jodie Foster remet aussi le pied à l’étrier à l’acteur. Mel est ici incroyablement subtil et touchant, c’est un bonheur de le retrouver à ce niveau de jeu.
Mais il ne faudrait pas croire que le film soit à l’honneur total de Mel Gibson. Plus que d’un homme, on parle ici de la résurrection d’une famille. Et en cela tout est vrai sous la caméra de Jodie Foster. Sans jamais verser dans le pathos, les situations et les dialogues de Killen sonnent justes et l’entourage de Walter Black est aussi bien travaillé que la marionnette du rongeur à forte personnalité. Que ce soit la mère jouée par Foster elle-même, son fils joué par Anton Yelchin ou Jennifer Lawrence, tous sont simplement parfaits. Ils incarnent des personnages forts, complexes et loin des clichés qu’imposent sans cesse ce type de production. Du coup, chaque spectateur pourra se retrouver dans la progression de l’un des personnages, que ce soit la guérison de Walter, le rapprochement filial, l’acceptation de ce que l’on est et de ce qui a forgé notre personnalité. Tous les personnages se rejoignent sur cette idée, se révéler à soi-même et accepter son évolution pour avancer avec les autres.
Alors que l’on pensait aller dans la comédie légère et un peu déjanté (qui aurait parfaitement sied à un Jim Carrey), Jodie Foster signe avec Le Complexe du Castor un drame familial doux-amer avec une justesse admirables et des personnages émouvants. Loin de verser des larmes inutiles, le discours est fort, prenant et pour peu que l’on se reconnaisse dans cette histoire de famille en reconstruction, il est simplement impossible de ne pas être touché en plein cœur.