Ewan McGregor touchant comme jamais, c’est dans le très personnel Beginners de Mike Mills.
Mike Mills n’est pas un réalisateur. C’est avant tout un artiste qui cherche à raconter son histoire par les médiums qui lui sont proposés. Que ce soient des pochettes de disque, des vidéoclips ou des films. Beginners est son second long-métrage et, autant le dire tout de suite, il est aussi personnel qu’il est mélancolique. Car dans le film, il y raconte beaucoup de son histoire, celle d’un artiste de pochette de disque qui vient de perdre son père après que celui-ci lui ait avoué être gay (à 75 ans !). Une nouvelle et une perte qui remette toute son existence en perspective. C’est alors qu’il va se rapprocher de la douce et toute aussi paumée Anna avec qui il pourrait peut-être enfin prétendre à une vie, la sienne.
A travers son récit construit en flash-back, on comprend toute la difficulté d’Oliver à accepter non pas la différence de son père mais la monotonie de sa propre vie. Ainsi, si le fait que son père lui ai avoué être gay sur le lit de mort peu sembler anecdotique au début de l’histoire, cette révélation est en fait ce qui fait toute la personnalité de l’histoire et ce qui renforce le parcours de ces personnages qui cherchent à commencer une nouvelle vie.
Le réalisateur reste toujours au plus près de ses trois personnages principaux qui ont chacun leur manière de vivre leur vie et d’échapper à leurs problèmes. Le film navigue ainsi dans une mélancolie constante qui ne nous lâche pas à la sortie de la salle où l’on peut se sentir légèrement déprimé.
Pour l’incarner à l’écran, le réalisateur a choisi Ewan McGregor et c’est un choix tout à fait naturel lorsque l’on connait le comédien aussi à l’aise dans l’action que dans le drame. L’acteur révèle encore ici une grande part de sensibilité qui nous implique, dans laquelle on peut bien se reconnaitre. Face à lui on pouvait avoir peur de Mélanie Laurent pour son second rôle en anglais mais elle sait ici rester sobre. Elle est ici, comme beaucoup de ces films qui reposent sur une humeur, le rayon de soleil d’Oliver, celle qui le fera avancer.
Et pour la blague, le meilleur acteur, outre la prestation impeccable de Christopher Plummer qui refuse de se laisser abattre, est bien le chien. En effet, l’une des bonnes idées de narration de Mike Mills est d’avoir introduit des sous-titres sur ce que veut dire le chien lorsqu’il regarde son nouveau maître. Comme si il était sa conscience ou la réincarnation de son père décédé. Ce qui ajoute encore un supplément d’âme tout à fait personnel au film.
Alors c’est sûr, on ne sautille pas de joie après avoir vu le film et Mike Mills ne prend pas beaucoup de partis pris dans sa réalisation (il traine même souvent son récit en longueur), mais il en résulte un film incroyablement personnel et touchant qui aura de quoi bouleverser les plus sensibles.