Après quelques souci de planning, voici donc enfin l’Affaire Rachel Singer (the Debt) qui arrive sur nos écrans. Un thriller d’espionnage noir et magnétique qui donne la part belle à Jessica Chastain et Helen Mirren.
Présenté l’automne dernier à Deauville sous le nom de The Debt, voici enfin venir le remake du film israélien nommé aujourd’hui l’Affaire Rachel Singer. Et c’est l’inattendu réalisateur de Shakespeare in Love qui passe donc au registre de l’espionnage avec cette histoire de 3 agents du Mossad qui recherchent activement le chirurgien de Birkenau pour le juger. Mais la capture ne se déroulera pas aussi facilement et, 30 ans plus tard, les conséquences de cette affaires sont prêtes à remonter à la surface.
Le récit se déroule ainsi en parallèle sur 2 périodes. Dans la première, nous assistons à ce qu’il peut se passer de nos jours (ou presque), alors que la fameuse Rachel Singer du titre va sortir un livre sur ses succès en tant qu’agent. Elle a passé sa vie comme une héroine de guerre mais cache un terrible secrets que ses co-équipiers ont du mal à vivre. C’est alors dans les flash-back de la mission que nous allons comprendre le secret qui entoure Rachel et ce qu’il s’est réellement passé à Berlin.
Si cette structure nous permet évidemment de maintenir un suspens permanent, elle n’en est pas moins à utiliser en en connaissant les risques, soit une partie qui sera en général plus importante et rythmée que l’autre. Et ici, Madden s’en est plutôt bien sorti en équilibrant les deux parties et en leur donnant autant d’intérêt pour nous plonger dans un climat d’espionnage constant où l’on ne sait pas vraiment à qui se fier. Non, le film ne va pas à toute allure et on prend le temps de s’attarder sur la situation et les personnages rendant le film assez noir et d’autant plus intéressant.
Dans l’action se déroulant de nos jours, c’est Rachel que nous allons principalement suivre. Campée par une Helen Mirren comme d’habitude impeccable et magnétique, Rachel doit faire face à son passé et on sent que cela lui pèse, autant qu’à son ancien partenaire interprété par Tom Wilkinson qui obtient pour une fois plus qu’un second rôle.
Pour la traque se déroulant dans les années 60, c’est Jessica Chastain qui offre son visage à Rachel. En apparence douce, elle va petit à petit devoir fermer ses émotions et l’on sent sa progression vers le personnage tel que l’incarne Mirren des années plus tard. C’est surtout le face à face terrible avec le docteur Vogel (effroyable Jesper Christensen) qui nous permettra de frissonner pour elle, en particulier lors d’une malsaine consultation dans son cabinet.
Mais John Madden ne peut pas se soustraire à son côté hollywoodien apportera également une touche de romance entre Rachel et ses deux partenaires. Un triangle amoureux qui instaure une tension supplémentaire mais se révèle assez superficiel malgré les performances convaincantes des acteurs (Sam Worthington en particulier montre une facette de son jeu plus nuancée).
Heureusement, ce triangle amoureux a disparu dans les événements récents, ajoutant à l’envie d’en savoir plus et d’aller jusqu’au bout de cette mission d’espionnage qui ne sera jamais vraiment terminée, une mission qui aura rongé ses protagonistes tout au long de leur existence, entre regrets, doutes, et accomplissement.
Au final L’Affaire Rachel Singer s’avère être un thriller d’espionnage assez efficace qui ne sacrifie pas à la noirceur et aux sentiments et états d’âme assez durs de ses protagonistes campés par des acteurs froids mais très convaincants.