Autobots vs. Decepticons, 3e round. Michael Bay filme encore les combats des Transformers pour un volet encore plus fort, plus spectaculaire, plus vide.
Après un premier volet qui installait les jouets d’Hasbro dans un divertissement efficace et un second volet complètement too much et lourdingue, on se demandait bien ce que Michael Bay pouvait trouver d’intéressant à en faire un troisième épisode. La réponse est simplement : 3D (pour Dollars, Destruction, Débile ?) . Car il faut bien le dire, si la franchise Transformers n’a jamais brillé par le fond, elle est une excellente démo technique dans laquelle Bay peut pousser à bout ses équipes pour obtenir le plus gros fracas d’explosions mécanique possible. Il était donc naturel pour lui d’expérimenter cette toute nouvelle 3D relief.
Côté technique il n’y aura donc rien à redire sur ce Transformers qui aligne dans son final des combats titanesque en pleine ville avec une 3D au top. Mais par contre, côté histoire, personnages et émotions, c’est le néant. Si bien qu’on se fiche royalement de ce qu’il peut se passer à l’écran à part voir des bout de ferraille se taper dessus.
Pourtant le film commence sous de bons auspices avec cette introduction reprenant à son compte les premiers pas de l’homme sur la Lune et nous expliquant que tout le plan de la conquête spatiale était de trouver un engin extra-terrestre écrasé sur notre satellite naturel. Mais plutôt que d’approfondir une théorie du complot et d’espionnage qui remonte au temps de la guerre froide, on va vite expédier ça pour retrouver ce bon à rien tête à claque de Sam Witwicky, aka Shia LaBeouf que l’on sent fatigué de devoir sauter partout pour honorer son contrat signé il y a 4 ans. Le garçon mène une vie de looser (no job, no money) mais a une nouvelle copine bombasse et fortunée à son bras qui lui pardonnerai tout, ce qui est bien pratique (Rosie Huntington-Whiteley, magnifique plante au milieu du chaos, repérée en lingerie chez Victoria’s Secret… bien plus agréable que Megan Fox en passant).
Pendant un peu plus d’une heure, un semblant d’intrigue essaie laborieusement de se mettre en place. Mais rien n’y fait, les personnages humains écrits à la truelle, le public n’en a rien à faire. Ils polluent même l’intrigue en essayant inutilement de faire passer pour compliqué un scénario qui tient sur un ticket de métro. On n’attend qu’une seule chose, que les robots se mettent enfin à se battre. Mais pour cela il faudra supporter les caméos inutiles de John Malkovitch ou les retrouvailles de John Turturro et Frances McDormand (qui sont ici bien éloignés des frères Coen). Heureusement que le réalisateur s’est calmé dans l’humour et que celui-ci devient moins gras que dans les précédents volets.
Mais lorsqu’arrive enfin l’action, on sent le réalisateur bien plus à l’aise, libéré de toute contrainte. Ca y est, il va pouvoir faire joujou avec ses robots, et par l’occasion donner enfin au public ce pour quoi il a tout de même payé sa place, soit un gros spectacle rempli d’explosions, de tôle froissée et de verre brisé. Avec une poursuite sur autoroute impressionnante (recyclant Bad Boys 2 et The Island), une destruction d’immeuble vertigineuse, une guérilla urbaine, on en aura pour notre argent.
D’autant plus que le réalisateur survolté s’est calmé et fait durer ses plans deux fois plus longtemps (c’est à dire que pour Bay, nous passons d’une demi-seconde à une seconde entière, ce qui est déjà un grand progrès) pour que la 3D ne fasse pas mal à la tête. Nous avons donc droit à notre lots d’images fortes et sacrément impressionnantes qui pète à la gueule dans un spectacle grandiose. Il n’y a pas à dire, Bay n’a pas sont pareil en terme de money shots pour nous en mettre plain la figure et les oreilles et il le fait ici avec talent.
Malheureusement, tout cela est bien trop aseptisé pour toucher au cœur. Puisque les personnages sont on ne peut plus mal écrits, jamais les combats, pourtant spectaculaires, ne nous font vibrer. Oui, on se dit « ouaoh c’est énorme» devant un robot serpent géant en train de bouffer un immeuble, mais on ne ressent aucune empathie pour ce que vivent les héros (humains et robots) et tout ça tombe à plat. Il ne reste alors qu’un gros fracas et une grosse démo technique pour des SFX impeccables et une 3D parfaitement gérée (oui, la 3D est la meilleure vue dans un film depuis Avatar).
Plus spectaculaire, mais aussi plus sombre que l’exécrable second volet, Transformers 3 – La face cachée de la Lune reste donc un divertissement sacrément spectaculaire. Mais une bonne technique et des SFX réussis ne réussiront jamais à faire un grand film. Pour cela il manque à Transformers une âme, une dimension que Bay n’arrive pas à atteindre alors que ses robots sont pourtant plus intéressants que ses humains. D’ailleurs, il s’en fout tellement qu’il ne donnera même pas d’épilogue à son film, le générique de fin débarquant sans prévenir, … bien signe que Bay n’avait rien de plus à dire.