Heartless, critique

hearltess critique

Un film étrange, vénéneux et envoutant débarque directement en vidéo et se nomme Heartless. A découvrir quitte à être déconcerté.

heartless afficheVoici encore une preuve que le marché du direct-to-video français peut accoucher de belles surprises. Passé par de nombreux festivals et bien sorti en salles outre-manche, Heartless n’aura pas vu les honneurs de la salle. On peut le comprendre vis-à-vis de l’étrangeté du film, mais c’est tout de même dommage pour sa reconnaissance. Toujours est-il que nous pouvons donc maintenant découvrir chez nous le nouveau film de Philip Ridley.

Heartless recycle à première vue le mythe de Faust. Défiguré depuis sa naissance, Jaimie ne se supporte plus et ne supporte plus les remarques à son encontre. Mais quand il a l’occasion de passer un pacte avec le diable pour y remédier, sa vie va alors devenir un enfer. D’autant plus que tout autour de lui part en pièces dans une folie qui hâpe peu à peu le spectateur.

Heartless, critique

Car, au-delà de la simple reprise du mythe, Philip Ridley inscrit son film dans un univers étrange, où la réalité que nous connaissons bien se confond peu à peu avec le mon des démons et autres goules. Ce mélange progressif nous interroge sur ce qui est réel ou non, si une partie de ce que nous voyons est le fruit de l’imagination de l’esprit traumatisé de notre héros qui ne peut pas vivre dans un monde normal car lui-même ne se sent pas des nôtres. D’ailleurs il est intéressant de voir que c’est lorsqu’il n’est pas loin de ses proches que la réalité semble un peu plus « normale» .

Heartless, critique

Le récit navigue ainsi dans des eaux étrange qui nous laissent en permanence dans  le doute. S’agit-il d’un monde dont les démons sont le quotidien ou de l’imagination fertile de Jaimie pour échapper à sa condition de « monstre»  ? Porté par une composition à fleur de peau de Jim Sturgess (sur le fil et juste comme rarement), Philip Ridley créé ainsi une atmosphère aussi envoutante que malade, à l’image du héros qui ne trouve pas sa place pour finalement trouver une poésie unique, vénéneuse, jusque dans les derniers instants aux émotions si fortes et naturelles.

Heartless, critique

Mais finalement, Jaimie est le reflet d’une jeunesse anglaise perdue, à la dérive, prête à tout pour retrouver le droit chemin, en cédant la facilité et en s’y perdant. Un cercle infernal qui peut vite transformer les plus manipulables en démons. Philip Ridley ne le mentionne jamais clairement mais c’est assez subtilement transmis pour le comprendre et entrer avec plus de facilité dans cet étrange monde. Ainsi Heartless nous enivre peu à peu, nous embarque dans une réalité parallèle où l’étrange côtoie la lumière et dont la sortie peut être aussi douloureuse que l’entrée.