Revenons sur les début de l’un des créateurs d’univers cinématographiques les plus intéressant de ces dernières années. C’est avec Cronos qu’a débuté la carrière de Guillermo Del Toro.
Bien avant de nous offrir les deux adaptation de Hellboy ou le magnifique Labyrinthe de Pan, Guillermo Del Toro était simple maquilleur sur le plateau de films fantastiques mexicain. Mais la caméra le démange et il réalise quelques court-métrages et épisodes de séries locales. Cependant, le créateur a de plus grandes ambitions. En 1993, il réalise alors Cronos, son film matrice, dans lequel tous ses thèmes de prédilection sont abordés et seront transcendés plus tard dans son œuvre.
Avant que les vampires ne reviennent en force au cinéma avec Blade et autres Twilight, Guillermo Del Toro était déjà passionné par ces créatures de l’ombre. C’est le sujet de Cronos. Le film est une intéressante variante sur le mythe. Ici, c’est un alchimiste qui créé un étrange objet permettant de garder la vie éternelle. Mais son usage n’est pas sans risque puisqu’il transforme petit à petit son utilisateur en vampire. C’est ici un antiquaire qui va tomber dessus et l’utiliser alors que d’autres personnes sont à la recherche de cette promesse d’immortalité.
Pour sa première réalisation, Guillermo Del Toro choisi donc un thème et un monstre inépuisables du cinéma fantastique. Cependant, il lui apporte ici une touche toute personnelle qui fait la différence. Pourtant, le réalisateur n’est pas encore celui que l’on connait.
Sa mise en scène est encore hasardeuse et le film a aujourd’hui pris un petit coup de vieux et sent bon le petit film au budget limité du début des années 90. Mais il est réalisé avec passion et sincérité, ce qui fait son tout son charme, d’autant plus qu’on y découvre ici les graines que plante le réalisateur et que l’on retrouvera dans tous ses films.
Ainsi, on retrouve le thème de la transformation en vampire que Del Toro traitera également dans Blade II ou dans ses romans écrits avec Chuck Hogan. Mais c’est surtout sa passion pour les insectes qui transparait. La créature à l’origine de la malédiction pourrait aussi bien être présente dans Mimic , les Hellboy que dans le Labyrinthe de Pan.
On sent bien que cette forme de vie à la fois primitive et résistante à toutes les catastrophes, intéresse Del Toro qui lui confère alors un pouvoir fantastique (ici celui de donner l’immortalité). L’univers du réalisateur, peuplé de créatures fantastiques et étranges prend donc racine ici.
Mais un autre thème qu’aime particulièrement Del Toro est celui de la solitude du monstre. Il l’explore complètement dans Hellboy mais il est déjà présent dans Cronos. En effet, l’histoire de cet antiquaire qui se métamorphose en créature de la nuit est profondément tragique. Il se sent devenir un monstre, ce qu’il refuse. Et sa mort l’éloigne en plus de ses proches. Refusant de se laisser aller à la bestialité, il sombre alors dans la solitude.
Heureusement, une lumière l’éclaire sur le chemin de la solitude, celle de la jeune Aurora, gamine orpheline qui va l’accepter et le guider sur la bonne voie. Encore une fois, cette enfant au milieu des monstres est une constante dans l’univers du réalisateur que l’on retrouvera ensuite dans l’Echine du Diable et évidemment dans le Labyrinthe de Pan. Cette gamine dans un univers fantastique nous rappelle aux sombres contes qui ont du bercé notre enfance et Del Toro a certainement été beaucoup influencé en ce sens par les frères Grimm.
Si sa réalisation n’est pas encore aussi enlevée que celle de Blade II ou Hellboy II. Guillermo Del Toro impose aussi déjà certains éléments graphique de son univers. Que ce soient les mécanisme d’horlogerie que l’on retrouvera dans Hellboy II, la blancheur de ses créatures millénaires (le vampire blanc de Cronos, l’ogre de Pan, les elfes de Hellboy 2) ou la tronche patibulaire de Ron Perlman (fidèle du réalisateur), mais aussi l’humour, tout est déjà là.
Si Cronos ne marquera pas les esprits, il restera donc tout de même un film indispensable à la filmographie de l’un des réalisateurs et créateur d’univers fantastiques les plus courus d’Hollywood en ce moment. Tous ses thèmes sont présents dans ce film débutant mais finalement riche et passionné. La marque de fabrique de Guillermo Del Toro est là, et n’en finira pas de s’imposer d’une manière fantastique.