Marre des comédies américaines qui reposent sur un acteur pas si marrant que ça et qui gesticule dans tous les sens ? J’ai testé pour vous Le Baltringue, Made in France … sigh
Sorti plutôt discrètement l’année dernière, Le Baltringue s’est pris une salve de missiles dans la face par une critique austère, hermétique au comique de situation. Pourtant, comparé aux comédies avec Frank Dubosc, Elie Semoun, Gad Elmaleh, Mickael Youn ou autres bouffons « mainstream» français (prenez garde Eric & Ramzy, votre crétinerie maquillée sous du décalage absurde pour faire alternatif va se voir un jour), Vincent Lagaf’ n’est pas aussi gravos. Certes, agressif pour les tympans et le cerveau, Le Baltringue s’aligne plutôt, voire est plus sympa que les grosses bouses de studios aux budgets de malade. Et ce côté « nawak» ainsi que le rendu « cheap» est assumé, arboré fièrement dans ce long-métrage, bien qu’un peu de modestie lui aurait pas fait de mal ! A la manière de l’intellectuel Laurent Baffie et ses jeux de mots ciné dans le cultissime et complètement décalé Les Clés de bagnole, le fond du Baltringue se repose sur un film dans le film, jouant sur les ultimes hommages aux James Bond et aux films de gangsters où le buddy-movie rejoint une joyeuse farce parfois sans queue ni tête (voir sans vraiment de scénario).
Vincent Lagaf’ joue ici un présentateur de téléachat, Mr Guy, aimé de tous comme Jean-Pierre Foucaut et aux blagues lourdingues à la Christophe Dechavanne. Lors d’un casting de jeunes chanteuses, il flache sur une femme, Lola, la nièce de Sam, un agent secret qui stoppe des guerres à lui tout seul et qui aime bien défourailler à tout va. Les deux se rencontrent et sur le prétexte de vouloir produire Lola, Mr Guy va accompagner Sam en mission dans un casino de Haute-Normandie (ouais, nouveau terrain du haut banditisme comme tout le monde le sait). Celui-ci doit récupérer une arme de destruction massive que souhaite vendre un terroriste de l’Est à un américain (le grossier agent de la CIA d’OSS 117 Rio ne répond plus). Résumé très rapidement, il faut savoir que de multiples incohérences et autres amnésies du scénario rend cet enchainement encore plus incroyable.
Mais le pire n’est pas là. La vraie question est : mais qu’est ce que fout Vincent Lagaf’ ?? Si le film est déjà plutôt taré dans son histoire et sa mise en scène (mais bon ça n’est pas non plus « Ze freakyest movie ever» ), l’apport de Vincent Lagaf’ est désastreux. S’il n’y avait qu’un seul élément pourri à retirer, c’est bien Lagaf’ qu’il aurait fallu faire sauter. Sautillant dans tous les sens, réclamant de l’attention à corps et à cris, déballant un sac de phrases incohérentes et gavées de bêtise, Lagaf’ est un film dans le film à lui tout seul, mais n’a aucune raison d’être là pour le reste de l’histoire. Le Baltringue pue le compromis à plein nez : « j’apporte mon nom au projet, mais je fais ce que je veux dedans, ne vous inquiétez pas j’improvise !»
Au delà de ça, ce qui est reproché d’entrée de jeu à son acteur principal, c’est qu’il est présentateur de jeux télés à visionner au camping à l’heure de l’apéro ! Et alors, déjà d’une, Vincent Lagaf’ exerçait bien avant cela et deux, sa plastique expressive (à la Jim Carrey) est plutôt sympathique. Mais ça n’est pas assez pour faire un film. Sorte d’Adam Sandler horripilant, cool comme Will Ferrel et sympa comme Steve Carrel, Vincent Lagaf’ agace très rapidement. Du reste, le film s’ébat comme il peut entre gamins de cités en roller, à l’élocution digne de l’académie française, agent secret brutasse au sourcil froncé fixe et sans trop de subtilité, des méchants plutôt attentistes dans les bagarres, qui ne mettent jamais en péril les gentils (comme dans les James Bond en fait), et des scènes d’actions tarées…
Le Baltringue est assurément un nanar, mais culte, car il a le mérite d’explorer sans trop de concession un domaine difficile, partagé entre action pas très élaboré et comédie soulante. Mais il ne va pas au bout de sa catastrophe : oui, on n’a pas assez les yeux et les tympans qui saignent devant Lagaf’ qui fait le con et dit vraiment des conneries pendant tout le film. Mais quand je dis conneries, on dirait vraiment qu’on lui a donné trop de vitamine C et mis des excitants dans sa coke ainsi que l’autorisation pour littéralement « sauter partout et parler dans tous les sens» comme un gamin de 4 ans qui aurait découvert le mot cacaprout. Et puis, à ne pas louper tout de même, la douloureuse histoire parallèle consacrée à la résignation de Vincent Lagaf’ face à la perte de ses cheveux ! Tragique !